Mayotte : une grève toujours sans issue
La grève générale continue, malgré l’accord de principe établi la veille avec Annick Girardin, la ministre des Outre-mer venue sur place.
Cela fait maintenant un mois que l’île est secouée par un mouvement social contre l’insécurité et l’immigration. Désormais, l’hôpital de Mamoudzou est dans une situation « critique » et certains barrages ne laissent pas passer les ambulances. Sur certaines routes, ce sont des arbres qui sont abattus et empêchent tous passages. Ils ne peuvent donc pas permettre un filtrage des routes notamment pour les services d’urgence. Une élection législative partielle est prévue ce 18 mars, l'accès aux bureaux de vote reste incertain si la situation ne s'améliore pas.
Les mesures annoncées lundi 12 mars par la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, ne semblent pas convaincre. L'intersyndicale à l'origine du mouvement de contestation appelle à une nouvelle journée d'action, demande à la population de descendre massivement dans les rues et aux maires de fermer les écoles.
Annick Girardin, Ministre des Outre-mer à Mayotte ce mardi 13 mars 2018 (Photo : / AFP / Ornella LAMBERTI)
« Personne ne comprend pourquoi cette femme est venue à Mayotte parce qu'il n'y a pas eu d'annonce. Tout le monde est révolté de voir avec quelle légèreté elle considère la situation, avec quel mépris... Il faudrait mettre un plan de rattrapage de Mayotte et entamer le développement de Mayotte », explique Fatiou Ibrahim, le porte-parole d'un collectif de citoyens de Mayotte sur RTL. « Par rapport à la sécurité, ça ne peut pas faire partie de la négociation. C'est comme si le gouvernement disait qu'il allait négocier avec les habitants de Paris pour savoir s'il faut sécuriser leur ville ou pas. Le premier devoir régalien de l'État, c'est quand même la défense, la sécurité », souligne-t-il.
Manifestation de la population et des élus à Mamoutzou, Mayotte (Photo : / AFP / Ornella LAMBERTI)
De retour à Paris hier, Annick Girardin s’est exprimée dans l’émission Quotidien sur TMC. Elle a été interrogée sur le maintien des barrages routiers, alors que la veille le ministère avait fait part d'« un accord de principe » pour leur levée. Elle a affirmé : « Même si l'intersyndicale ne lève pas les barrages tout de suite, moi, je ferai ma part de l'engagement, moi, je ferai en sorte, sauf si les barrages l'empêchent, que la sécurité soit retrouvée à Mayotte. »
Sur le contenu de l'accord qu'elle a négocié lundi et mardi à Mamoudzou, Annick Girardin a souligné qu'il contenait « un, immédiatement, des mesures pour la sécurité et contre l'immigration, et deux, la réponse dans un mois après un travail collectif, une coconstruction, sur l'éducation, le logement, la santé et l'aménagement du territoire ».
Elle a annoncé qu’elle travaillait à la création d’un statut extraterritorial pour les maternités de Mayotte et de Guyane, pour lutter contre l’immigration clandestine. Il s’agit donc d’une remise en cause du droit du sol. « Je cherche des solutions qui améliorent le quotidien des Mahorais, et qui répond aussi à notre volonté d’accueillir des gens qui souffrent, qui viennent de Madagascar ou des Comores, pour se faire soigner ou pour accoucher à Mayotte » précise Annick Girardin. « L’hôpital pourra avoir un Etat-Civil des pays voisins, ça n’existe nulle part ailleurs et nous y travaillons en terme juridique pour la Guyane », ajoute-t-elle.
Le collectif avait demandé la venue du président de la République. « Ce n’est pas à l’ordre du jour » précise Annick Girardin à ce sujet.
En attendant la grève se poursuit. En conséquence, les stations-essence sont vides ou fermées, il y a des pénuries de produits dans quelques magasins, le port est entièrement bloqué. Les barrages paralysent complètement Mayotte depuis plus de trois semaines.