Plan carburant : 20 litres pour les véhicules prioritaires et 10 litres pour les autres
Depuis hier les entrées des deux dépôts de stockage des carburants de la SARA, la Société anonyme de la raffinerie des Antilles, sont bloquées par le collectif « La caravane de la liberté » qui rejette la politique sanitaire en place en Guyane. Les manifestants qui bloquent les dépôts, sans affrontements, contestent aussi les récentes condamnations de quatre militants à des peines de prison ferme. Ils avaient pris part aux mouvements de juillet 2020, qui avaient abouti à un incendie ayant dégradé la façade de l’hôtel préfectoral.
Déclenchement du plan carburant jusqu'à nouvel ordre
En réponse, depuis hier, des limitations et des conditions sont donc imposées par un arrêté préfectoral en raison d’une potentielle pénurie de carburant et pour, selon la préfecture, maintenir l’activité des services de secours et de sécurité intérieure.
Les conditions de distribution ont été revues
Un autre arrêté du « plan carburant » est publié ce mardi soir fixant les nouvelles modalités de fonctionnement des stations-service contraintes de rationner la distribution de carburant. Un plan carburant qui doit permettre « la continuité a minima de la vie économique et sociale du territoire et de ravitailler en urgence les services prioritaires du territoire et aussi », selon l’arrêté.
A compter du 20 octobre, les stations-service qui ont encore un stock à la pompe, devront limiter leurs ventes à 20 litres par véhicules des services prioritaires (Forces de sécurité intérieure, Pompiers, SMUR, CHOG, Ambulance, médecins et infirmiers libéraux sur présentation d’une carte professionnelle, véhicule de la SGDE, EDF, de collecte des déchets, des services de l’État). « La liste des véhicules autorisés à se ravitailler dans ces conditions sera scrupuleusement respectée », précise la préfecture. Pour les autres véhicules la quantité de carburant délivré est restreinte à 10 litres d’essence ou de gazole.
Des rations trop insuffisantes pour les gérants des stations-service et un risque imminent de pénurie
Une rencontre s’est tenue avec les services de la préfecture et les gérants des stations-service ce lundi après-midi. « 10 litres c’est peu. Ce n’est vraiment pas grand-chose. Ce sera très compliqué d’expliquer ce rationnement aux clients », s’inquiète Franck Sophie, le président du groupement des gérants des stations-service de Guyane.
Si la SARA assure que les stocks sont suffisants, il n’en reste pas moins qu’il est impossible d’approvisionner les 34 stations-service que compte le territoire puisqu’aucun camion-citerne ne peut sortir livrer du carburant. En fin de journée ce mardi, 13 stations ont encore du carburant, selon le groupement des gérants de station-service de Guyane, mais cela ne durera pas longtemps malgré le rationnement :
« Ce mardi soir, il restait 65 000 litres de carburant dans l'ensemble du territoire. Difficile de faire des prévisions pour les prochains jours mais on estime que si ce n’est pas réglé rapidement, on tiendra la journée de demain, au plus tard jeudi matin. Nous serons quasiment tous à sec. Nous ne tiendrons pas plus de deux jours », alerte Franck Sophie, président du groupement des gérants des stations-service de Guyane.
L’inquiétude des distributeurs de carburant sera de pouvoir gérer la nervosité et l’exaspération des clients :
« Pour l’instant, nous n’avons pas eu d’incidents graves mais nous ressentons une certaine pression car c’est tout le tissu économique qui est touché. Plus généralement, tout le monde est concerné, du retraité au jobeur », indique Franck Sophie, président du groupement des gérants des stations-service de Guyane.
Les gérants des stations ont aussi attiré l’attention de la préfecture en rappelant la nécessité d’un encadrement des forces de l’ordre pour faire respecter les limitations et assurer la sécurité des lieux. La préfecture précise que la gendarmerie, la police nationale et les gérants des stations-services concernés sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du plan carburant.
Les premiers dommages collatéraux du blocage de la SARA se font déjà ressentir
Les avions d’Air France et Air Caraïbes en direction de Paris ont dû faire escale à l’aéroport de Paramaribo au Suriname et à Fort-de-France pour assurer le plein de kérosène. Les appareils d’Air Guyane ne sont pour l'instant pas impactés. Pour les transports scolaires, l’Agglobus informe également que quatre lignes de transport scolaire suspendues demain mercredi 20 octobre : Ligne 263-R1 et 612-C1. Allo Jeffrey, l'entreprise de livraisons a mis ses employés au chômage partiel.