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En Guyane, 24% de la population vit dans un habitat indigne et/ou spontané selon un rapport de la Fondation Abbé Pierre

Pour la première fois, la Fondation Abbé Pierre a réalisé une étude sur le mal-logement dans les Départements et Régions d’Outre-mer. Le résultat est sans appel : sur une population de 2,2 millions d’habitants, la Fondation Abbé Pierre estime que près de 600 000 personnes sont mal logées. La Guyane est particulièrement touchée

  • Par: adminradio
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En corrélation avec une forte précarité de la population, la Guyane et Mayotte sont particulièrement touchées par le mal logement. 

Selon une enquête statistique sur les ressources et conditions de vie (SRCV) de l’INSEE datant de 2018, 30% de la population est en situation de grande pauvreté en Guyane. Ce qui a un impact sur le mal logement. 38% des logements sont trop petits par rapport au nombre de personnes dans le ménage. Loin derrière Mayotte 57% mais loin devant les Antilles 11%. Enfin, il est estimé que 24% de la population en Guyane vit dans un habitat indigne.

Le rapport met en avant qu’en Guyane et à Mayotte que « l’origine de ces zones d’habitats spontanés est liée en partie à l’immigration depuis les pays voisins qui, faute d’un dispositif d’accueil organisé, s’est traduite par des installations anarchiques à divers endroits parfois très exposés aux risques naturels, notamment dans des fonds de vallées enclavées et dans des zones littorales menacées par la houle, les inondations, etc »

Squat Mont-Fortuné à Matoury (Photo : A.BeharyLS / Radio Péyi)

Le phénomène d’habitat informel touche particulièrement la Guyane car « son territoire immense de 84 000 km² offre à la population des opportunités d’installation sur de grandes parcelles pour y construire une maison individuelle et disposer de terrains pour une agriculture de subsistance : 40 % des nouvelles habitations construites en Guyane y seraient réalisées sans autorisation », indique le rapport.

 Insee, données 2018, Observatoire des inégalités ; Insee, RP 2019.

L’habitats spontanés en forte croissance

En 2015 et sur les neuf communes étudiées, ont été recensées 37 287 constructions spontanées (soit 41 % du bâti), soit 19 512 de plus qu’en 2001. Le phénomène croît en moyenne de 5,4 % par an entre 2001 et 2015, avec une accélération observée sur la période 2011- 2015 (+ 6,0 % par an).

Ainsi, ce sont en moyenne près de 1 400 nouvelles constructions par an qui ont été édifiées sans autorisation d’urbanisme depuis 2001. Les données en cours de consolidation pour 2019 (sur 5 communes) montrent que le phénomène ne faiblit pas avec une hausse de 16 % observée à Macouria, de 9 % à Matoury et à Montsinéry. En 2015, 11 % du bâti spontané se situe en zone à risques (inondations, technologique, mouvement de terrain, érosion du littoral) inconstructible et 24 % se trouve dans un secteur potentiellement insalubre.

Source  : rapport d’observation de l’AUDeG, novembre 2018 et rapport d’évaluation du Schéma d’Aménagement Régional, AUDeG, 2022

Etat et associations tentent d’apporter des solutions

Pour pallier cette situation, le PLOM2, le Plan Logements Outre-mer du gouvernement (2017-2027) a pour objectif la construction, la réhabilitation ou la rénovation de 26 500 logements en Guyane.

Face à ce sombre constat, la Fondation Abbé Pierre avance 8 axes de travail afin de réunir tous les acteurs concernés pour agir efficacement contre le mal-logement et réduire les inégalités dans ces territoires.

La fondation propose aux pouvoirs publics de conduire une stratégie de lutte contre le mal-logement reposant sur 29 actions concrètes à mettre en œuvre sur les 5 prochaines années. « Si certaines nécessitent un travail concerté pouvant aller jusqu'à des évolutions législatives, d’autres peuvent donner lieu à une mise en œuvre rapide », indique-t-elle

La Fondation Abbé Pierre a remis son étude au cabinet du ministre chargé des Outre-mer ce mercredi, de façon à lancer une dynamique de travail à la hauteur des enjeux et des besoins des habitants ultramarins. Pour la Fondation, ce changement de braquet est primordial pour permettre à chaque citoyen de vivre dans un logement digne et décent, adapté à ses besoins et à ses ressources.