Un homme porte plainte pour dénoncer les conditions de son enfermement à la PAF de Saint-Laurent-du-Maroni

Le 12 juin 2025, un ressortissant brésilien est interpellé à Saint-Laurent-du-Maroni pour défaut de titre de séjour. Il est placé en rétention administrative dans les locaux de la PAF. Selon ses déclarations, il aurait été victime de maltraitances multiples : interdiction de contacter l’extérieur, refus d’un accès à un avocat ou à un médecin, alors même qu’il souffre d’un diabète lourd suivi médicalement. Les précisions de Me Antoine Le Scolan, avocat du plaignant :
« Aucun droit n’aurait été respecté. On lui aurait refusé l’accès à un avocat, à un médecin, on lui aurait confisqué son téléphone, et même le fixe du local PAF lui aurait était interdit »
Il rappelle que, contrairement à une garde à vue, une retenue administrative ouvre davantage de droits aux étrangers concernés.
Témoignages alarmants et caméras hors champ
Le jeune homme affirme également avoir été témoin de violences physiques. L’un de ses co-détenus aurait été frappé au visage par un policier. Sa propre mère, venue prendre de ses nouvelles, aurait été insultée et menacée par l’interprète en poste à l’accueil, selon l’avocat :
« L’interprète lui aurait dit de "dégager" et de "fermer sa gueule", sinon elle serait frappée ».
Il dénonce aussi une stratégie supposée des agents pour soustraire les agissements à tout enregistrement : « Mon client affirme qu’ils étaient systématiquement emmenés à l’étage, hors champ des caméras, où la pression psychologique et les insultes redoublaient. »
Une plainte pour plus de transparence sur les pratiques policières
Face à ces accusations, Me Le Scolan a déposé une plainte contre X auprès de la Procureure de la République le 30 juin. Il demande l’audition des policiers et de l’interprète mis en cause, ainsi que la saisie des images de vidéosurveillance :
« Il y a des fonctionnaires qui font parfaitement leur travail, mais d’autres se permettent de "faire vite" au mépris des droits fondamentaux. À Saint-Laurent, les forces de l’ordre sont peu confrontées à la présence d’avocats, ce qui peut conduire à certaines dérives. »
L’avocat souligne également la faiblesse de l’offre juridique locale : « Il n’y avait qu’une avocate l’année dernière. Je suis le seul aujourd’hui. Cela laisse place à un déséquilibre dans les procédures. »
Au-delà du cas individuel, cette plainte soulève des interrogations plus larges sur les méthodes de la PAF à Saint-Laurent-du-Maroni. Me Le Scolan pointe un usage excessif de la rétention administrative, souvent sans encadrement juridique suffisant :
« De nombreux ressortissants étrangers sont interpellés sans que leurs droits soient garantis. La transparence est indispensable. »
À ce jour, le parquet n’a pas encore répondu à la plainte. Mais l’affaire pourrait relancer le débat sur les pratiques policières en Guyane, zone de forte pression migratoire, et la nécessaire protection des droits des personnes en situation irrégulière, même lorsqu’elles sont retenues.