Drame sur le Maroni : le corps du dernier disparu retrouvé, le bilan s'élève à sept morts

Les autorités ont confirmé la fin des opérations de recherche hier, qui mobilisaient depuis deux jours les secours et de nombreux habitants des deux rives du fleuve Maroni, à la frontière entre la Guyane et le Suriname.
Trois enfants parmi les victimes
Le naufrage, l’un des plus meurtriers qu’ait connu la Guyane ces dernières décennies, a coûté la vie à trois enfants, trois hommes et une femme. Quinze personnes avaient embarqué dimanche soir depuis le Suriname, après une veillée funèbre, pour rejoindre Saint-Laurent du Maroni. L’embarcation n’est jamais arrivée à destination.
Une mobilisation exemplaire, une douleur partagée et une réglementation de la navigation fluvial renforcée
Ce drame vient rappeler la dangerosité des traversées fluviales, notamment de nuit et sans équipements de sécurité. Il marque aussi la nécessité d’un encadrement plus strict des transports fluviaux en Guyane, pour mieux protéger les populations qui en dépendent au quotidien.
Dans un message publié sur les réseaux sociaux, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a exprimé sa compassion :
"Le drame survenu sur le Maroni endeuille la Guyane. Mes pensées vont aux victimes du naufrage, à leurs familles et à l’ensemble des habitants des communes touchées. Je salue la mobilisation des secours et des riverains des deux rives face à cette tragédie."
Le préfet de Guyane, Antoine Poussier, a également salué l'élan de solidarité qui s’est manifesté tout au long des recherches, avant d’annoncer la fin officielle des opérations de sauvetage.
À la suite du drame, l’Association des maires qui exprime son soutien total à la population endeuillée rappelle l’absence de régulation dans les transports fluviaux. Même son de cloche pour NFG, Nouvelle force de gauche : “L’heure n’est plus aux constats, mais aux solutions concrètes”, indique le parti.
Le sénateur Georges Patient se dit convaincu “quant à la nécessité de désenclaver en urgence notre pays par voie terrestre”, le parlementaire rappelle que “les fleuves restent le seul moyen pour acheminer les personnes et les biens de première nécessité vers nos communes de l’intérieur”
Dans un communiqué, le préfet a annoncé l'ouverture de consultations pour "modifier le règlement de police de la navigation". Il souhaite rendre le port du gilet de sauvetage obligatoire à bord des pirogues naviguant sur le Maroni et l’Oyapock, dans le but d’éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.
Un lourd tribut pour les communautés locales
Les familles endeuillées résident principalement dans le quartier Paradis à Saint-Laurent du Maroni et le village de Paddock. Un deuil collectif s’est rapidement organisé. Les chefs coutumiers Kali’na ont annoncé une réunion d’urgence ce mercredi afin de préparer les obsèques.
© Famille des victimes lors des opérations de sauvetage - F.Mathurin - Radio Péyi - Kam Radio
De l’autre côté du fleuve, le président toujours en fonction du Suriname, Chan Santokhi, a décrété une journée de deuil national ce mercredi 4 juin, en hommage aux victimes.
Un drame marquant dans l’histoire des tragédies en Guyane
Ce naufrage est l’un des événements les plus tragiques survenus en Guyane depuis l’éboulement du mont Cabassou en 2000, qui avait fait dix morts. Bien que d'autres accidents aient eu lieu ces dernières années, notamment celui de décembre 2023 à Grand-Santi ayant coûté la vie à quatre sœurs, jamais un naufrage sur le Maroni n'avait atteint un tel niveau de gravité.