Témoignage : le quotidien difficile des habitants du Haut-Maroni, victimes de la pollution au mercure
Samedi 14 octobre, Wild Legal et l'Association des Victimes du Mercure présidée par Linia Opoya, ont défilé dans les rues de Paris aux côtés d'une coalition de représentants des peuples autochtones brésiliens pour alerter sur l'importance de préserver l'Amazonie des activités humaines qui mettent à mal la vie de l'écosystème et des peuples qui l'entourent.
© Wild Legal
L’orpaillage illégal et l’utilisation massive du mercure impactent durablement les écosystèmes et la vie des habitants des régions touchées. L’association Wild Legal estime qu’en 40 ans, des centaines de tonnes de mercure ont été déversées dans l’environnement, en particulier dans la zone du Haut-Maroni. Les conséquences sont lourdes, quotidiennes, comme en témoigne Lina Opoya :
« On voudrait redevenir comme auparavant. Parce qu’avant on n’avait pas ces travailleurs chez nous, et là, on n’arrête pas de nous embêter. Ils polluent nos rivières, nos fleuves, la nature, la forêt… Ils sont à peu près à 10 - 20 minutes de chez nous, au-dessus (…) la contamination, on ne peut pas se laver, on ne peut pas pêcher non plus, la contamination au mercure par les poissons, parce qu’on mange trop de poissons, on est contaminé par ces poissons qui ont beaucoup de mercure. Je suis vraiment triste de voir ça ».
©A.Behary / Radio Péyi
La vie des habitants de la région est rythmée par les complications médicales qu’implique une contamination au mercure :
« La maladie du mercure donne le vertige, mal partout, dans les muscles, on perd beaucoup de cheveux, parfois ça fait vraiment mal, on ne peut plus bouger. Moi, j’ai très mal par exemple à la main et au pied, il n’y a aucun médicament pour ça. Il faut juste arrêter de manger, c’est juste ça qu’on fait pour être mieux. Moi, quand je ne suis plus obligé de manger du poisson, j’attends que ça baisse, à peu près deux ou trois mois. C’est dur pour chercher de l’argent pour par exemple payer de bons poissons, je suis vraiment obligé de manger des poissons contaminés ».
©Parc Amazonien de Guyane
Une véritable catastrophe sanitaire, qui touche un grand nombre d’habitants, le long du Maroni :
« Je fais des prélèvements aux cheveux des gens, il faut que j’envoie le courrier jusqu’à Paris, et Paris me répond après deux ou trois semaines. Je reçois la réponse, et je repartage la feuille aux gens pour regarder les taux (…) je fais beaucoup le test à Taluen, mon village, je ne bouge pas encore dans les autres villages. Mais eux aussi, ils disent que c’est la même douleur, la même situation, c’est vraiment le mercure qui fait ça ».