La concertation publique pour la future centrale électrique du Larivot a démarré
La première réunion avait lieu hier, à Matoury. Plus de détails sur ce projet qui doit remplacer la centrale de Dégrad-des-cannes.
La centrale de Dégrad-des-cannes vit ses dernières années. Elle a été mise en service en 1982 et a ainsi dépassé la durée de fonctionnement prévue Initialement pour ce type d’installation soit 25 ans. Elle a une capacité actuelle de 108 Mégawatt. Par conséquent, elle occasionne des coûts de production élevés et n’applique pas les nouvelles normes. La centrale de Dégrad-des-cannes a obtenu une dérogation pour être encore en service jusqu’au 31 décembre 2023. Elle devrait être remplacée par la centrale thermique au Larivot la même année.
Une centrale thermique et un site photovoltaïque au Larivot
La nouvelle centrale fonctionnera au fioul léger qui alimentera des moteurs bicombustible pour une capacité de production de 120 Mégawatt. EDF Guyane précise que les moyens modernes de cette nouvelle centrale diminueront les coupures d’électricité grâce à un système automatique de démarrage.
Une nouvelle centrale thermique du même type au Larivot, Matoury.
La construction d'un oléoduc d'environ 15 km de long et 400 mm de diamètre, reliant le port de Dégrad des cannes au site du Larivot, sera nécessaire pour approvisionner la centrale en fioul. Selon EDF, le combustible ne peut pas être déchargé au port du Larivot car il n’est pas à vocation industrielle. De plus, la rivière de Cayenne ne dispose pas de la profondeur suffisante permettant l’arrivée des pétroliers au port. L’oléoduc sera à 1m sous terre, son tracé n’est pas encore précisé. On ne sait donc pas qui sera impacté car le passage de l’oléoduc entrainera une perte sur la valeur foncière. EDF précise qu’une indemnisation sera proposée au propriétaire sur la base de la valeur du terrain. Mais l'entreprise ne donne pas de précision concernant les modalités, ni le montant de ces indémnités.
Démarrage de la concertation publique
La phase d’information du public a débuté le 28 mai avec notamment le lancement du site internet par le maître d’ouvrage EDF PEI (Ndlr EDF Production électrique insulaire, filiale d’EDF). Sont prévues, 3 réunions publiques dont la première s’est déroulée hier soir à Matoury. EDF PEI a décliné le projet en plusieurs volets : réponse aux besoins énergétiques, la localisation, le respect de l’environnement et les retombées locales. Une centaine de personnes était présente pour poser des questions et faire des remarques. Certains habitants du Larivot ont déploré qu’ils n’ont pas été abordés au préalable tout comme Christian Roudgé, adjoint au maire de Matoury. EDF assure avoir été en contact, au lancement du projet, avec l’ancienne municipalité de Matoury. « L’ancienne municipalité de Matoury a été l’un de nos premiers interlocuteur », affirme Augusto Suarez dos Reiz, directeur d’EDF Guyane.
Augusto Suarez dos Reiz lors de la première réunion de concertation publique sur le projet de la centrale électrique du Larivot, mardi 5 juin 2018. (Photo : A.BeharyLS)
« Après la concertation publique, on va peut-être bonifier notre projet. Nous sommes qu’au début du projet. Si on peut rassurer, les centrales d’aujourd’hui permettent d’être infiniment plus performantes dans tous les domaines qu’une centrale qui a presque 40 ans d’âge », précise Alain Delorme, directeur général d’EDF PEI. Cette concertation publique se déroule sous le contrôle de Philippe Marland, garant à la CNDP, Commission nationale du débat public, qui a pour rôle d’observateur, de rappeler à l’ordre si nécessaire, puis de rendre compte ou d’exercer un recours.
La localisation a fait débat lors de cette première réunion publique
L’emplacement a été validé par la Collectivité Territoriale de Guyane en février 2017 durant une assemblée plénière où la Programmation Pluriannuelle sur l’Energie (PPE) a été votée. Le projet se situe sur un terrain proche du port du Larivot, de la RN1 et de RD191
Plan de localisation du projet de la centrale électrique du Larivot.
Pour EDF, cette localisation présente plusieurs intérêts : être sur l’île de Cayenne (principale zone de consommation électrique), la proximité de lignes hautes tensions, compatibilité avec le Plan local d’urbanisme (PLU) de Matoury et un environnement favorable. En effet, selon EDF, « ce terrain est un atout », puisque la centrale sera implantée à la limite de zones inondables où il ne peut y avoir d’habitations. De plus, des études du sol et sous-sol garantissent viabilité du site. « EDF PEI n’aurait pas acheté ce terrain s’il n’était pas sûr qu’il supportera les installations et les vibrations des moteurs », précise Emile Desse, chef de projet de la centrale du Larivot.
Emile Desse, chef de projet de la centrale du Larivot et Alain Delorme, directeur général d'EDF PEI, présentent le projet lors de la première réunion de concertation publique, mardi 05 juin 2018. (Photo : A.BeharyLS)
EDF a souhaité rassurer les habitants les plus proches lorsqu’un habitant du Larivot s’inquiète de possibles expropriations. « On exproprie personne, je peux vous l’assurer », répond Augusto Suarez dos Reiz, le directeur d’EDF Guyane. Ce que confirme Christian Roudgé, adjoint au maire de Matoury. Cependant, l’élu précise que l’emplacement du site photovoltaïque, se situe dans une zone non constructible nommée « zone N » dans le PLU. « Vous ne pourrez donc pas construire sur ce terrain », affirme Christian Roudgé. Selon EDF, le projet est entré dans une « qualification en projet d’intérêt général », cela amènera donc à une modification du PLU.
Deux prochaines réunions auront lieu le 12 juin de 18 heures à 21 heures au complexe Belova à Rémire-Montjoly et le 21 juin aux mêmes horaires à l'hôtel Royal Amazonia à Cayenne. Parallèlement deux ateliers de travail sont proposés, l’un sur l’environnement qui a eu lieu ce matin au grand hôtel Montabo à Cayenne et l’autre sur l'emploi, le 19 juin, même endroit, même heure. Ils sont réservés aux acteurs des secteurs concernés.