Energie : la construction de la nouvelle centrale EDF du Larivot suspendue par le tribunal administratif de Cayenne
Le juge des référés du tribunal administratif a décidé de suspendre l’arrêté sur l’autorisation environnementale en vue de l’exploitation de la nouvelle centrale thermique d’EDF du Larivot. Il répond ainsi favorablement à la demande de France nature environnement et de Guyane nature environnement.
Le juge reconnaît que la nouvelle centrale, alimentée au fioul, “marquait une réduction de 30 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à l’ancienne centrale”. Un chiffre qu’il a jugé insuffisant au regard de l’objectif de la France “de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40 % en 2030 par rapport à l’année 1990 et de neutralité carbone en 2050”. Il estime également que “le projet était susceptible de méconnaître la loi Littoral dans ses dispositions propres à la Guyane” :
“Le schéma d’aménagement régional (SAR) de la Guyane n’avait pas prévu un tel projet d’aménagement pour le site du Larivot et d’autre part que le secteur ne pouvait être qualifié de secteur d’urbanisation diffuse, les hameaux les plus proches étant situés entre 500 mètres et un kilomètre du site”, indique le tribunal administratif dans un communiqué
Le juge des référés a estimé qu’en l'état de l'instruction, qu’il a un doute sérieux quant à la légalité de l’arrêté préfectoral du 22 octobre 2020, portant une autorisation environnementale en vue de l’exploitation de la nouvelle centrale du Larivot.
Guyane Nature environnement : une « victoire historique en référé » pour la Guyane
Une décision qui a réjoui les deux associations qui contestent l’arrêté autorisant la centrale. Guyane nature environnement a notamment évoqué une “décision historique pour la Guyane" sur une "question centrale pour l’avenir énergétique du territoire”.
“La question de la production d’électricité en Guyane aurait dû être anticipée plus en amont. De plus, il n’y a plus de centrale au fioul qui soit en projet dans l’Hexagone, alors pourquoi en Guyane ?”, s’interrogent les associations.
Les services de l’Etat et EDF-PEI soutenaient depuis plusieurs mois que la centrale serait alimentée en biomasse liquide dès son démarrage pour remplacer le fioul domestique. Le juge retient finalement que cette annonce reste hypothétique, car elle n’est pas encore entérinée dans le règlement ni assurée d’un point de vue technique. Les associations GNE et FNE soutiennent également qu’en plus de ne pas être “une solution certaine”, il n’existait pas de “surface agricole disponible pour produire une telle quantité de carburant” et que “son bilan carbone pourrait même être pire que celui du fioul à cause de la transformation de milieux naturels en terres d’agriculture intensive”.
Julien Bayou, secrétaire national d’Europe-Écologie-les-Verts a salué une “nouvelle victoire majeure” sur les réseaux sociaux.
Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologiue avait pourtant déclaré en octobre 2020 qu’il était “hors de question de miser sur le fioul” et que la centrale serait réorientée vers les “biocarburants”. De son côté, EDF Guyane n’a pour l’instant pas encore réagi.
Le Larivot doit remplacer l’actuelle centrale thermique extrêmement vétuste et obsolète mise en service en 1982 par EDF, à Rémire-Montjoly, et maintenue sous dérogations successives jusqu’à 2023 malgré des fortes émissions polluantes.