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Plan Lecture en Guyane : le célèbre neuroscientifique, Stanislas Dehaene, observe une vraie avancée dans les apprentissages

En Guyane, 1 adulte sur 5 est en situation d’illettrisme et 40 % des élèves de primaire peinent à lire correctement. Pour lutter contre ce fléau, un Plan Lecture a été lancé en 2024. Le neuroscientifique Stanislas Dehaene est venu en évaluer les premiers effets.

  • Par: adminradio
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En Guyane, 22 % des adultes âgés de 18 à 65 ans sont en situation d’illettrisme, selon une étude de l’INSEE et de l’ANLCI (Agence nationale de lutte contre l’illettrisme) publiée en 2020. Ce taux est quatre fois plus élevé que la moyenne nationale. Et la situation reste préoccupante chez les plus jeunes : près de 4 élèves sur 10 n’atteignent pas un niveau de lecture satisfaisant à la fin de l’école primaire.

Face à ce constat, le rectorat a lancé à la rentrée 2024 un Plan Lecture dans les écoles primaires de Guyane. Objectif pour le recteur Philippe Dulbecco : renforcer les apprentissages fondamentaux en lecture grâce à des outils validés scientifiquement. Deux manuels ont été distribués : « Néo » (méthode phonique) et « Fifi et Lulu » (méthode graphémique).

Les neurosciences en appui des enseignants

Le célèbre neuroscientifique Stanislas Dehaene, président du Conseil scientifique de l'Éducation nationale, est venu à plusieurs reprises en Guyane pour observer les effets du plan. Il était la semaine dernière à Saint-Laurent du Maroni avec son épouse également neuroscientifique. Après les évaluations de mi-CP, il constate que les premiers résultats sont positifs :

« On constate 9 % d’élèves en plus qui ne sont plus en situation à risque. Ce sont des progrès significatifs, surtout dans un contexte aussi complexe. »

© Stanislas Dehaene, président du Conseil scientifique de l'Éducation nationale et son épouse, Ghislaine Dehaene-Lambertz, une pédiatre, neuroscientifique et directrice de recherche au CNRS - Photo : F. Mathurin - Radio Péyi - Kam Radio 

Le chercheur rappelle que de nombreux enfants arrivent en CP avec des difficultés importantes, liées à l’isolement géographique, au multilinguisme, et au manque d’exposition au français écrit.

Apprendre à lire, une affaire de cerveau

« Lire transforme le cerveau », explique Stanislas Dehaene. « Deux zones s’activent : une zone visuelle pour les lettres, une zone auditive pour les sons. Les meilleures méthodes sont celles qui font le lien entre les deux : les graphèmes et les phonèmes. »

Ces résultats rejoignent ce qu’il observe depuis 30 ans dans ses recherches : les méthodes dites “code” ou “syllabiques” sont les plus efficaces pour faire entrer les enfants dans la lecture, surtout ceux en difficulté.

Lire, un droit fondamental de l’enfant

Le défi de la lecture est loin d’être gagné, mais une dynamique est en marche. Et si elle se poursuit, elle pourrait bien changer le quotidien de toute une génération et apporter des évolutions dans la société locale. Pour Stanislas Dehaene, les enjeux sont multiples pour l’intégration de la jeunesse dans la société : 

« Savoir lire, c’est un droit de l’enfant. Sans lecture, pas d’autonomie, pas d’esprit critique, pas de citoyenneté. La lecture reste un pilier de la démocratie, même au 21e siècle. »