Consommation : certains rayons des supermarchés sont vides
Jan Du, PDG des magasins U en Guyane, explique que plusieurs facteurs sont à l’origine de cette crise. D’abord, les grèves à répétition des dockers à Trinidad perturbent les livraisons, faute de ligne maritime directe avec la Guyane.
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À cela s’ajoutent les mouvements sociaux au port du Havre, ralentissant encore davantage les flux de marchandises. La fédération nationale des ports & docks, dans un communiqué, annonce que la situation pourrait encore s’aggraver :
"En cas de réponses non satisfaisantes laisse une semaine à l’Etat pour nous apporter des réponses concrètes. Le préavis de grève prévoit : l’arrêt des heures supplémentaires à compter du mardi 1er avril 2025 ; 72 heures d’arrêt de travail les mercredi 2, jeudi 3 et vendredi 4 avril ; 48 heures d’arrêt de travail toutes les semaines suivantes."
Des problèmes les flux maritimes qui s'accumulent
À ces perturbations s'ajoute la réduction de la capacité de transport. Actuellement, trois des sept navires de la CMA-CGM sont en maintenance, limitant encore plus les livraisons vers la Guyane, selon Jan Du qui alerte également sur un projet de la CMA-CGM. Un réaménagement qui pourrait compliquer la situation :
"Le pire reste à venir avec la CMA-CGM qui envisage de créer un hub en Guadeloupe. Cela imposera un transbordement systématique de nos conteneurs à Pointe-à-Pitre, engendrant ruptures de charges, retards, surcoûts, et incertitude logistique permanente."
Interrogée sur cette situation, la compagnie maritime française n’a pas souhaité répondre à nos demandes d’interview.
Des conséquences directes sur les prix et l’autosuffisance alimentaire
Cette crise logistique intervient alors que les territoires ultramarins luttent contre la vie chère. Les distributeurs alertent sur une flambée des prix à venir et une dépendance accrue aux aléas du transport maritime.
"Les prix risquent encore de grimper, et notre dépendance logistique va s'aggraver", avertit le PDG des magasins U en Guyane, précisant qu’aucun retour à la normale n’a été annoncé.
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Pour pallier cette crise, certaines enseignes ont recours au fret aérien pour acheminer certains produits. Mais cette solution reste limitée : les quantités transportées sont faibles, et les produits s’épuisent rapidement dans les rayons.
L’inflation qui se poursuit conforte l’idée d'une nécessité d’aller vers l’autosuffisance alimentaire
Les prix à la consommation ont encore augmenté de 1,7% sur un an (de février 2024 à février 2025). Les prix des produits frais sont en hausse (+0,6%) en février, tandis que ceux de l’alimentation générale et des autres produits manufacturés sont stables (+0,1%), selon l’INSEE.
Cette pénurie souligne les problématiques liées aux prix à la consommation (en moyenne 40% plus élevés que dans l’Hexagone), à l’approvisionnement et pose la question de l’autosuffisance alimentaire du territoire. Une situation régulièrement déplorée par les associations de consommateurs et les élus locaux qui tente de trouver des solutions en multipliant les rencontres citoyennes et les réunions avec les acteurs concernés.
Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a annoncé lors d'un déplacment en Martinique que le projet de loi contre la vie chère en Outre-mer sera présenté en mai. Ce texte vise à renforcer la concurrence et la transparence pour faire baisser les prix. En attendant, des mesures immédiates sur le contrôle des prix sont envisagées.