Essequibo : le Guyana saisira l'ONU en cas d’aggravation du conflit avec le Venezuela
« Toute action ou tentative d'action en vertu du référendum nécessitera de recourir au Conseil de sécurité des Nations unies en tant que partie lésée », a déclaré Anil Nandlall à l'AFP après le référendum de dimanche au Venezuela, au cours duquel plus de 95 % des 10,4 millions d'électeurs vénézuéliens ont approuvé de faire de l'Essequibo une province vénézuélienne et d'octroyer la citoyenneté à ses 125 000 habitants. « Nous allons explorer toutes les voies possibles et il est évident que (le recours à l'ONU) est l'une d'entre elles », a-t-il ajouté.
La Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance judiciaire de l'ONU dont le Venezuela ne reconnaît pas la compétence dans cette affaire, a ordonné vendredi au gouvernement vénézuélien de « s'abstenir de toute action susceptible de modifier la situation » dans l'Essequibo et aux deux parties de « s'abstenir de toute action susceptible d'aggraver ou d'étendre le différend ».
Anil Nadlall a déclaré que le Guyana invoquait les articles 41 et 42 de la Charte des Nations unies, qui obligent le Conseil de sécurité à prendre des mesures militaires et à appliquer des sanctions. « Il peut autoriser l'utilisation des forces armées par les États membres pour contribuer à l'exécution des ordonnances de la Cour », a-t-il déclaré.
Caracas soutient que le fleuve Essequibo reste sa frontière naturelle, comme c'était le cas lorsque le Guyana était une colonie espagnole, et invoque un accord signé à Genève en 1966 avec le Royaume-Uni, juste avant l'indépendance du Guyana, qui annulait une décision de justice de 1899 qui a fixé les frontières actuelles.
Indépendant depuis 1966, le Guyana défend au contraire cette décision et demande qu'elle soit ratifiée par la CIJ. Le président vénézuélien Nicolas Maduro a appelé lundi à « un accord diplomatique, juste, satisfaisant pour les parties et amical » tout en affirmant que son pays allait « récupérer » l'Essequibo où de vastes gisements de brut ont été découverts en 2015. Caracas accuse les États-Unis d'intervenir dans ce conflit pour favoriser le géant pétrolier ExxonMobil, qui a commencé à exploiter ces gisements.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a déclaré, lors d'une réunion gouvernementale, qu'il allait créer une division régionale de PDVSA, géant public pétrolier, et a donné l'ordre de procéder « immédiatement » à « l'octroi de licences » pour « l'exploitation du pétrole, du gaz et des mines dans toute la région ». Son homologue guyanien, Irfaan Ali, a déclaré que « si Maduro choisit d'ignorer l'ordre international (...), ce sera une grande injustice pour le peuple vénézuélien », estimant que l'impact d'éventuelles sanctions aggraverait la crise chez son voisin.
PODCAST : Luis Alejandro Avila Gomez, chercheur en géopolitique était “L’invité du 7h”, selon lui le risque de conflit militaire est en revanche assez faible.