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Spatial : ClearSpace, "la dépanneuse" de l’espace en 2026

Arianespace et la start-up suisse, ClearSpace va lancer depuis Kourou, ClearSpace-1, le premier satellite d’enlèvement de débris spatiaux en 2026.

  • Par: Radio Péyi avec Outremers360
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L’Agence spatiale européenne (ESA) a confié une mission particulière au groupe ClearSpace : nettoyer les débris en orbite pour assainir une situation de saturation en débris dans les couches supérieures de l’atmosphère. Après l’appel d’offres initial pour cette mission, remporté ClearSpace en 2019, une nouvelle étape capitale vient d’être franchie, avec l’annonce par l’ESA du lancement depuis le Centre spatial guyanais (CSG) en 2026 de la mission dédiée, ClearSpace-1.

Devant la lourde problématique de la saturation des orbites terrestres par les débris de milliers de missions spatiales accumulées au fil des ans, la nécessité de trouver des solutions pour réduire le nombre de débris encombrant l’espace a maintes fois été évoquée au fil des ans.

Mandatée par l’ESA, la première mission de nettoyage de débris en orbite s’annonce comme un véritable point pivot dans le secteur du spatial, en établissant à la fois une première mondiale, mais également le point de départ d’une nouvelle donne pour le secteur : la possibilité pour chaque opérateur de mettre en œuvre des missions de nettoyages de leurs débris. Depuis le premier lancement d’un satellite en 1957, avec l’historique Sputnik, l’espace s’est vu au fil des décennies pollué par de très nombreux débris, corps de fusées abandonnées, pièces métalliques, voire des satellites complets, hors d’usage.

Or, depuis une dizaine d'années et la relance d’une véritable course à l’espace partagée par des acteurs publics comme privés, l’augmentation du nombre de débris est spectaculaire. L’année passée, tous les records de lancement ont été battus. Plus de 2 000 satellites en une année ont été lancés. La moyenne des années précédentes, entre 2000 et 2015, c’était de l’ordre de 100, 150 satellites par an.

Le nombre de déchets sera donc en augmentation dans l’espace. L’environnement orbital autour de la terre est en train de se peupler avec un nombre important de débris, de satellites qui sont en panne, ou de corps de fusées. Des débris qui peuvent être un véritable frein au secteur, alors que des dizaines de milliers y sont déjà en orbite, comme l’explique Luc Piguet, le directeur et co-fondateur de ClearSpace :

« On ne peut pas vraiment opérer sur du long terme dans un environnement qui n’est pas stable. Donc, pour maintenir un environnement stable, il faut une capacité d’intervention et de dépannage. C’est un tout petit peu la même chose dans n’importe quelle autre infrastructure, si on regarde par exemple les transports routiers, sur la route il y a des dépanneuses et ils ont une bonne raison d’exister, ça permet de faire des voitures moins chères, ça permet de maintenir les autoroutes propres, c’est exactement le même concept qu’il nous faut en orbite ».

La dépanneuse de l’espace, une métaphore de vulgarisation qui prend sens, mais dont les contraintes sont hautement plus complexes, comme le prouvera cette première mission historique ClearSpace-1, qui se donne pour objectif d’aller supprimer l’étage d’une ancienne fusée Vega lancée en 2013 de 112 kg :

Aller chercher un objet en orbite ce n’est pas facile. C ‘est un tout petit peu comme fournir un service au bord de l’autoroute, pour une voiture qui roule à 28 000 km/h dans le vide et qui flotte dans l’espace : c’est difficile d’attraper un objet. Il va falloir s’en approcher petit à petit et une fois qu’on a atteint une vitesse égale à la vitesse de l’objet, on a un système de capture qui ressemble un peu à une grande pince, qui va l’attraper. L’étape suivante pour pouvoir le déplacer au bon endroit, ça sera d’aligner les centres de masse de l’objet qu’on vient de capturer avec celui de notre dépanneuse de l’espace si vous voulez”.



De nombreux paramètres et contraintes sont donc à prendre en compte et pas seulement sur le plan technique

Cette mission proposera un premier précédent, un jalon dans l’exploration spatiale, qu’il convient de mesure dans toutes ses dimensions, conclut Luc Piguet :

« Il faut déjà lancer un satellite capable de naviguer, après il faut pouvoir naviguer ce satellite, s’approcher de l’objet qu’on veut aller chercher, le capturer, le stabiliser, le ralentir, pour le faire entrer dans l’atmosphère terrestre, et il faut dresser aussi tous les aspects qui sont ce de la responsabilité, du risque de la mission, et de la limitation des risques de génération de nouveau débris en orbite. Donc il y a tout un tas de dimensions qui sont aussi bien techniques, que opérationnelles, que légales, qu’il faut adresser dans une mission de ce genre »