Martinique : le drapeau de la discorde déjà retiré par la CTM
Après 4 ans d'un processus semé d'embûches, c'est finalement par un vote ouvert à la population, qui s'est tenu du 2 au 13 janvier, que le choix a été fait. Et c'est un drapeau rouge vert noir frappé au centre d'un colibri qui a été désigné grand vainqueur. On pourrait croire que l'histoire s'arrête là et que la majorité a été satisfaite. Malgré le vote, les critiques se déchaînent sur les réseaux sociaux pour plusieurs raisons :
Une faible participation
Le vote n'a pas vraiment attiré les foules puisque seuls 26 633 votants se sont prononcés sur les 360 000 habitants que compte l'île. Bien que le drapeau N° 292 vainqueur ait recueilli 72 % des suffrages, sa légitimité est remise en cause.
Le drapeau « historique indépendantiste » délaissé
La controverse viendrait aussi du fait que face au drapeau vainqueur, l'autre finaliste était le traditionnel étendard indépendantiste, utilisé de longue date par les Martiniquais dans les domaines du sport, de la culture ou de la politique, bien qu'il ne fût que officieux. Les critiques s’enchaînent sur les réseaux sociaux où l’on peut y voir :
« Ne nous cassez pas la tête avec votre nouveau drapeau, jamais il ne représentera le peuple martiniquais, s'emporte l'un d'eux. Vous croyez que, d'un coup, on va changer d'avis et adopter un drapeau qui n'a pas d'histoire ? »
Liste des drapeaux candidats
Le colibri, un plagiat ?
Une accusation de plagiat qui a beaucoup fait réagir, car le même drapeau avait déjà été proposé en 2019, mais avec un autre colibri. À tel point que la créatrice du drapeau, qui souhaitait initialement rester anonyme, a finalement tenu à prendre la parole pour expliquer qu'elle était déjà à l'origine du drapeau de 2019.
Autre problème, le modèle du colibri choisi est issu d'une banque d'image, et sa couleur a été changée alors que la licence ne le permettait pas.
"Je ne savais pas que ça ne rentrait pas en compte dans la licence", explique d’Anaïs Delwaulle la créatrice sur RCI.FM .
Sa créatrice jette l’éponge après l’acharnement subi
Pour mettre fin aux accusations de tricherie ou de vol portées et à la violence des propos à son encontre Anaïs Delwaulle a demandé ce jeudi 23 janvier « officiellement et solennellement » à l'Organisateur du concours, de prendre acte qu’elle retire sa proposition et qu’elle « renonce à donner suite aux résultats de cette consultation » en indiquant :
« Cette décision est prise en conscience et je ne participerai ni sur les réseaux, ni par tout autre moyen à entretenir Médisance et Hystérie. Par voie de conséquence, et compte tenu du cyber harcèlement que je subis, je mets en demeure, ceux qui me harcèlent et/ou me diffament de cesser immédiatement, faute de quoi, je relèverai toutes injures, menaces, harcèlements et diffamations et je leur donnerai les suites judiciaires qui s'imposent avec le concours de mon Avocat. »
La CTM prend acte de la décision de retrait du drapeau N°292
La Collectivité territoriale de Martinique appelle « au respect de ce choix définitif, apporte son soutien à la candidate et condamne avec force l'acharnement et la vague de haine dont elle a été victime » et rappelle que le cyberharcèlement est un délit qui est puni par la loi. Face à cette situation et face au cri d'alerte de cette candidate, la CTM appelle « au calme, au respect et surtout à l'unité ».
Un nouveau classement sera établi avec ce désistement. Le drapeau n°891 prend désormais la place de premier. Ce classement sera transmis à l'Assemblée de Martinique, qui délibère librement du choix final de l'hymne et du drapeau de la Martinique, indique la CTM dans un communiqué. Les élus de l'Assemblée de Martinique se prononceront les 2 et 3 février 2023 de manière définitive.