Recensement : méthode de calcul, enjeux et chiffres contestés par les élus
Chaque année, les communes de plus de 10 000 habitants sont recensées, tandis que celles de moindre taille, comme Roura ou Papaïchton cette année, le sont tous les cinq ans. Comme chaque année, les agents recenseurs, recrutés par les mairies, se rendent sur le terrain pour collecter des données. Nouveauté notable, un questionnaire élargi aborde désormais des thématiques comme l’origine des parents, le télétravail ou encore le handicap.
Geoffray Simon, chef du service territorial de l’INSEE en Guyane, insiste sur l’importance d’inclure toutes les populations, même celles vivant dans des zones d’habitat informel :
« L’INSEE et les communes vont dans ces zones, souvent bien accueillis. Les agents recenseurs sont choisis pour leur connaissance des langues et des contextes locaux, afin d’établir un dialogue avec tous les résidents, qu’ils soient en situation régulière ou non. »
Des chiffres contestés par les élus locaux
En 2022, la population de la Guyane était estimée à près de 290 000 habitants. Cependant, plusieurs maires, notamment à Saint-Laurent du Maroni et Macouria, ont exprimé leur désaccord avec ces chiffres. Selon l’Association des maires de Guyane, les statistiques de l’INSEE ne reflètent pas la réalité quotidienne des grandes villes.
Geoffray Simon reconnaît ce décalage, mais précise que la méthode de l’INSEE reste fidèle à son objectif. Selon lui, cet écart sont dus aux villes dites "d’absorption", qui accueillent un grand nombre de travailleurs et usagers venant des communes environnantes :
« À l’INSEE, nous recensons les résidents, qu’ils habitent des logements formels ou informels. Cependant, des communes comme Saint-Laurent ou Cayenne ont une charge de centralité : la journée, elles voient affluer de nombreuses personnes non résidentes, ce qui peut donner une impression de population plus élevée. »
Un enjeu financier pour les communes
Ce débat dépasse les simples chiffres : la dotation globale de fonctionnement (DGF) versée par l’État aux collectivités est calculée en fonction de leur population. Ainsi, une sous-estimation peut entraîner une baisse des financements, impactant directement les projets locaux comme la construction d’établissements scolaires. L’ Association des maires de Guyane a d’ailleurs fait part de ses inquiétudes à ce sujet dans un communiqué l’an dernier.
Un éclairage supplémentaire avec le questionnaire “famille”
En parallèle du recensement classique, une enquête spécifique sur les familles est lancée pour la première fois en Guyane. Cette initiative vise à approfondir la compréhension des dynamiques familiales, explique Geoffray Simon :
« Même si la question du déclin démographique est moins marquée ici que dans l’Hexagone, on observe une réduction progressive de la taille des familles. Ce questionnaire pourrait apporter des réponses sur ces évolutions », explique Geoffray Simon.
Le recensement se déroulera jusqu’au 15 février dans les communes de moins de 10 000 habitants et jusqu’au 22 février dans les plus grandes villes.