La Semsamar est dans le viseur de l’État

Marie-Paule Bélénus Romana, directrice générale de la Semsamar, est en position délicate. Des changements seraient annoncés à la tête de l'entreprise.
L'intervention du Président de la République, ne serait pas étrangère à cette affaire. En septembre dernier, Emmanuel Macron avait durement critiqué la Semsamar, parlant même de pratiques supposées illégales du bailleur.
1 690 246 millions d’euros, c’est le salaire annuel que percevait en 2012, la directrice générale de la Semsamar, Marie-Paule Bélénus Romana, avant qu’une procédure judiciaire soit ouverte pour détournement de fonds publics en 2013. A la suite de cette procédure, une nouvelle convention a été établie pour plafonner sa rénumération à 450 000 euros.
Mais la gestion de la Semsamar commence déjà à intéresséer l’État. Et les dégâts occasionnés par le cyclone Maria à Saint Martin, n’arrange rien. Les retards dans la reconstruction de l’île, agacent l’État. Emmanuel Macron qui met le bailleur devant ses responsabilités en le menaçant de procédure judiciaire si les travaux ne sont pas effectués d’ici la fin de l’année. Au-delà de cette date, le préfet pourra « enclencher une procédure pénale considérant que les bailleurs sociaux relèvent de la catégorie des marchands de sommeil », avait-il annoncé. Cet ultimatum fait trembler les murs de la Semsamar, jusqu’au siège de sa directrice général, une opération organiser au plus haut niveau de l’Etat comploterait pour son éviction selon certains parlementaires.
Emmanuel Macron, critique sévèrement la gestion des bailleurs sociaux à Saint-Martin le 29 septembre 2018.
C’est par le biais de la Société National Immobilière, filiale de la Caisse des dépôts et consignations habitat que l’État veut faire entrer la société dans son girond. Ce qui va permettre à cette dernière, d’avoir la mainmise sur le logement en Outre-mer, permettant à Paris de prendre directement les décisions. « Ils vont décider pour nous quelle politique du logement pour l’Outre-mer. Nous avons ici des gens compétents. C’est une sorte de retour en arrière ou l’Etat à la mainmise sur les logements sociaux. Nous ne voulons pas de barres d’immeubles », déclare Alain Chrétien Ho-A-Kwie, président de l'union départementale Consommation, logement et cadre de vie (CLCV). « Notre position est claire, nous voulons que les présidents des collectivités qui soient présidents des différentes sociétés immobilières en Outre-mer », ajoute-t-il.
Vent debout, les élus et parlementaires ultramarins, ont exprimé leur opposion à ce démantèlement. Peu de réactions en Guyane pour l’instant. Rodolphe Alexandre, Président de la CTG se dit « vigilant face aux répercussions de ce qui s’apparente à une volonté de l’Etat d’exercer une mainmise sur l’aménagement du territoire et la construction de logements sociaux aux Antilles-Guyane, ainsi qu’aux risques inhérents à cette situation monopolistique qui tend, de fait, à réduire les marges de manœuvre des collectivités de ces trois territoires ».
Rodolphe Alexandre, président de la CTG recevait Marie-Paule Bélénus Romana, Directrice générale de la Semsamar, le 30 novembre 2017 à Cayenne.
Les parlementaires Guadeloupéens estiment que ce projet est « dangereux dans la forme et sans visibilité sur le fond ». Ils affirment que c'est «mise en péril de l’aménagement du territoire », que « la légitimité d’un management local » et « le patrimoine important de la Semsamar » sont remis en cause.