1917-2017 : Les rhums Prévot ont 100 ans
Pour célébrer ce centenaire, des expositions et des conférences étaient proposées au public à l’hôtel de la Collectivité territoriale et à l’Université de Guyane
Une affaire de famille qui a débuté en 1917
Ce sont deux frères d’origine bordelaise, François et Jean-Baptiste Prévot qui sont arrivés en Guyane dans les années 1870. Ils ont d’abord été orpailleurs, ils ont géré 7 placers vers Roura. François n’aura pas d’enfants et Jean-Baptiste en a eu sept avec Ernestine Angamal, originaire des Indes Orientales. Parmi ces descendants, Fernand-Edouard est le premier Prévot à installer une distillerie à Baduel. Après fut créée la distillerie du Rorota gérée par Georges Prévot. Quelques années après, l’usine de Lamirande est rachetée pour bénéficier des terres agricoles pour la culture de la canne mais est abandonnée en 1989.
Carte postale de l'usine de Lamirande en activité en 1930
Usine de Lamirande en friche en 2017
Depuis, il ne reste qu’une distillerie, la dernière de Guyane se situe à Saint-Laurent du Maroni sur le site Saint-Maurice. Cette distillerie voit le jour en 1981 sous la houlette de Jean-Pierre Prévot et de Joël Amirault. En 1986, Jean-Pierre et Ernest Prévot rachètent les parts de Joël Amirault. En 2004, Ernest Prévot rachète les parts de son frère et devient seul propriétaire de la société. Pour Ernest Prévot, directeur des Rhums Saint-Maurice, cette célébration du centenaire des rhums Prévot est « une étape de transmission ». En effet, il semble serein pour l’avenir de la distillerie :
« L’avenir pour moi est certain, peut être que mon fils prendra la relève mais il n’a que 17 ans. Je pense que même sans lui, on a suffisamment de jeunes guyanais qui ont la volonté de pouvoir développer ce département donc leur place leur est réservée » affirme-t-il.
« Un produit synonyme de l'identité guyanaise »
Vendredi dernier, a eu lieu une conférence sur le thème « impact et enjeu de l’industrie rhumière en Guyane » et une autre samedi sur « l’histoire des rhums Prévot, un élément du patrimoine ». Les invités sont venus écouter les interventions de Ghislaine, Lucien et Ernest Prévot. D’autres intervenant tels que Didier Béreau, Serge Mam Lam Fouck, professeurs de l’université de Guyane Daniel Béreau, ancien président de la Chambre d’agriculture de la Guyane, Nathalie Cazelle, archéologue se sont associés au projet. Ils ont présenté l’histoire du rhum en Guyane, son processus de fabrication, ses usages et le rôle de cette industrie dans l’économie locale.
Les intervenants au côté d'Ernest Prévot, PDG des rhums Saint-Maurice. (photo : A.BeharyLS)
Avant de commencer sa présentation, Ghislaine Prévot, professeure en biochimie, descendante de la famille Prévot souligne l’importance de préserver les vestiges historiques. Elle précise qu’il s’agit d’un « patrimoine qui pourrait être valorisé et transmis aux générations futures ».
Dans le public des personnalités politiques et de la société civil entaient présentes. Parmi elles, le sénateur Antoine Karam qui définit la Guyane comme « le pays des rendez-vous manqués » en faisant référence à un projet de production de canne à sucre entre de Sinnamary et d’Iracoubo qui n’a pas pu se réaliser. Monique Bléralde, professeure de Lettres à l’Université de Guyane et défenseure de la tradition guyanaise intervient en disant que « le rhum nous a toujours accompagné » en faisant référence aux soirées Kasékò où il y avait toujours une bouteille de rhum. « Il fait parti de notre identité culturelle » rajoute-t-elle. Etait présent également, Antoine Primerose, président de l’Université de Guyane. Il affirme que c’est « un produit synonyme de l’identité guyanaise ».
Présentation de l'édition spéciale 100 ans en vente prochainement. (Photo : A.BeharyLS)
Une utilisatrice active des réseaux sociaux a attiré l’attention sur le « packaging » (emballage et conditionnement) qu’elle juge « trop ancien » et qui doit être « rénové, remplacé, modernisé et valorisé ». Elle admet être assez « sévère » sur la critique mais la justifie par sa profonde affection pour ce produit.
Une production reconnue et qui dépasse les frontières
On peut distinguer 4 produits en commercialisation sur la marché de la Guyane et de plus en plus en métropole :
- La Belle Cabresse, 50° ou 55° Médaille d'or au Concours général agricole 2001 et 2010 et Médaille d'argent au Concours général agricole 2011, médaille d'argent pour la Belle Cabresse catégorie 50% et plus au Rhum Fair Paris 2014. C'est le produit le plus vendu.
- La Cayennaise, 55° Médaille d'or au Concours général agricole 2011
- Le Cœur de Chauffe, 55°
- Les rhums vieux 3 ans d'âge 40° et 7 ans d'âge 43° médaille d'or au Concours général agricole 2008 et 2011.
Des membres de la famille Prévot venus fêter les 100 ans des rhums Prévot (A.BeharyLS)
Les ventes sur le marché national ont atteint près de 100 000 bouteilles et devraient atteindre 150 000 d’ici la fin de l’année 2017. Une consécration qui selon Ernest Prévot n’aurait pas été possible sans les fonds européens, sans le soutien moral de la collectivité territoriale de Guyane et sans celui de la famille.
(L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération)