Lutte contre l’homophobie : une semaine avec le Refuge

A l’occasion de la journée de la journée de lutte contre l’homophobie et la transphobie du 17 mai, le Refuge a mené une semaine d’actions variées en Guyane.

Le Refuge s'est implanté en Guyane il y a un peu plus d'un an. L’association propose un hébergement d'urgence ainsi qu’un accompagnement médico-socio-psychologique aux jeunes majeurs victimes d’homophobie ou de transphobie et en situation de rejet familial. En ce moment, elle en héberge six dans un appartement relais et en suit une dizaine. Grâce à un partenariat avec la Croix Rouge, elle peut fournir une aide alimentaire aux jeunes hébergés.

Le local du Refuge situé rue Charlery à Cayenne (Photo : A.BeharyLS)

Témoignage : Jason, 18 ans, a souffert de discriminations

Jason est un lycéen de Cayenne. Durant plusieurs années, le jeune a subit la critique, l’insulte et le rejet de certains membres de sa famille. « Ca été très difficile pour mes parents d’accepter mon homosexualité. Ils sont d’une génération plus ancienne. Mon père a été très affecté. Après, j’ai perdu ma mère et il m’a davantage rejeté. La situation était difficile, je ne pouvais pas rester à la maison. Dieu merci, il restait mes frères et sœurs qui ont su me comprendre. Aujourd’hui, mon père essaie de se racheter », témoigne Jason.

Maintenant, Jason assume totalement son orientation sexuelle. Cependant, il n’a pas toujours eu d'interlocuteurs pour en parler car c’était un sujet tabou : « je sais qui je suis. Les critiques et les jugements me passent au-dessus de la tête. Le Refuge m’a permis d’avoir une écoute », affirme-t-il. Jason n’a d’ailleurs pas hésité à donner quelques recommandations aux parents qui pourraient être face à cette situation : « Tant que votre enfant ne vole pas, ne tue pas, ne viole pas, qu'ils ne sont pas dans des trafics illégaux, être homosexuel n’est pas un crime, ni une maladie. L’enfant a juste besoin d’amour et d’affection », conseille-t-il.

Le Refuge Guyane lance un appel pour avoir plus de bénévoles et de soutiens financiers

Steven Kuzan, le délégué territorial du Refuge en Guyane, est convaincu qu'il y a besoin de ce type de structures sur le territoire. « Les demandes sont croissantes surtout quand on communique. Nous avons des demandes en attente. Pour y faire face, nous avons besoin de plus de moyens pour mieux aider les jeunes Guyanais », annonce-t-il. Le Refuge est à la recherche de bénévoles pour compléter la vingtaine déjà mobilisée. L’association est aussi à la recherche de financements et de partenariats divers pour se développer et payer le loyer du local. Sur deux années, le Refuge a bénéficié de 10 000 euros du fonds de dotation transatlantique. A cela s’ajoute le financement par le siège national de l'association. Une campagne de financement participatif sera d'ailleurs lancée sur internet jeudi prochain, via la page Facebook du Refuge Guyane. Pour l'instant, elle n'a reçu aucun soutien financier local.

Inauguration du local du Refuge en Guyane

Jeudi 17 mai, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie, l’association a inauguré son nouveau local. Il s’agit d’un espace de 60m2 avec une salle d’accueil, un bureau, une salle de réunion et une salle de stockage pour l’aide alimentaire. L’installation de l’association en Guyane a été difficile. Un an après, Steven Kuzan est ravi. « Cela représente des mois et des mois de bataille. On a beaucoup de demandes d’hébergement et on avait vraiment besoin de ce local pour centraliser les informations et accueillir les jeunes » précise-t-il.

Quelques élus étaient présents à l'inauguration. Parmi eux, Catherine Renard, 7ème Adjointe au Maire de la Ville de Cayenne, Audrey Marie, 7ème Vice-présidente de la CTG déléguée à la petite enfance et à la jeunesse ainsi que Gabriel Serville, Député de la 1ère circonscription. Ce dernier est membre d'un groupe de travail parlementaire sur l'homophobie, un sujet qui est, selon lui, encore tabou en Guyane : « Nous avons mené une enquête sur ce sujet en Guadeloupe, ce que nous avons entendu venant des jeunes, des familles et des institutions sont les mêmes propos violents que l’on peut entendre en Guyane. Nous considérons qu’il y a un gros travail à faire pour libérer la parole, provoquer l’acceptation de l’autre et baisser le niveau de violence, de discrimination dont ils sont victimes ».

Autres temps forts : un stand au marché avec la visite d’une célébrité, le ciné-débat et la rando-rollers à Cayenne

Samedi dernier, Le Refuge s’est installé au marché de Cayenne afin d’informer la population et de récolter des dons. L’équipe de bénévoles a pu accueillir Lambert Wilson sur son stand. L’acteur français est resté quelques instants sur le stand le temps d’échanger et d’apporter son soutien. Il était de passage en Guyane pour une action menée par Greenpeace France.

L'équipe du Refuge Guyane avec l'acteur Lambert Wilson au marché de Cayenne

Mercredi, un ciné-débat était proposé avec la projection du film « Moonligt » suivi d’un débat ayant pour thème « être un-e jeune homosexuel-le en Guyane ».

Vendredi, des randonneurs ont arpenté en rollers les rues de Cayenne. Cet événement mensuel a été exceptionnellement organisé pour lutter contre l’homophobie, en partenariat avec le Refuge Guyane. Le départ a été lancé depuis le skatepark municipal de Mirza avec une halte sur la place des Palmistes, où une courte prestation de danse a été proposée.

Une centaine de personnes a participé à la rando-roller dans les rues de Cayenne. (Photo : A.BeharyLS)

Le Refuge est la seule association de lutte contre l’homophobie et la transphobie reconnue d’utilité publique par le gouvernement français. Elle fête cette année ses 15 ans. En Guyane, l’association souhaite poursuivre des campagnes d’information et de sensibilisation dans les établissements scolaires et avoir des points relais dans d’autres communes.