Marc Del Grande quitte ses fonctions de préfet de Guyane

La rumeur courrait depuis plusieurs jours au sein des élus locaux et des médias. C’est désormais officiel : Marc Del Grande est remplacé. Il n’est à présent plus préfet de Guyane. Arrivé en août 2019 à Cayenne, Marc Del Grande a été destitué de ses fonctions ce mercredi 25 novembre, sur décision du conseil des ministres.

Réunis à l’Elysée, le gouvernement a nommé son successeur : Thierry Queffelec. Notons dès à présent qu’aucune femme n’a jamais exercé la fonction de préfet en Guyane. Le ministère des Outremer précise que Marc Del Grande « retourne dans son corps préfectoral ». Sans nomination pour l’instant, il est, précise un communiqué, « appelé à d’autres fonctions ».

Une carrière appréciée en Guyane

Marc Del Grande, 55 ans, Saint-Cyrien de formation, était préfet depuis le 5 août 2019. La Guyane était d’ailleurs sa première affectation en tant que préfet. Mais avant d’occuper cette fonction, Marc Del Grande avait déjà exercé en Guyane. Il y a vingt ans, il était Commandant de la compagnie de gendarmerie départementale de Saint-Laurent du Maroni, de janvier 1999 à juin 2001. Il avait également occupé le poste de sous-directeur des politiques publiques à la direction générale des Outremer de mai 2010 à juillet 2015.

Son passage en Guyane restera marqué par la crise du Covid-19, que le préfet a dû affronter, avec ses équipes, jusqu’à l’annonce de son départ. Il y a quelques semaines, plus de 70 acteurs locaux (élus, parlementaires ainsi que des partenaires et collaborateurs du préfet) étaient auditionnés par un préfet évaluateur pour se prononcer sur l’action menée par Marc Del Grande depuis sa prise de fonction. 

(Crédit photo : A. Behary-L-S/Radio Peyi)

Aujourd’hui, les élus et les acteurs économiques s’interrogent sur les raisons du départ du préfet. Beaucoup sont montés au créneau pour se prononcer en faveur du maintien en poste de Marc Del Grande. À l’instar du député Gabriel Serville, des secteurs économiques, agricoles, de la pêche ; des chambres consulaires et des organisations patronales. 

Dans un courrier adressé au cabinet du Président de la République, au Premier ministre et aux ministères de l’Intérieur et des Outremer, les acteurs guyanais du monde économique ont rappelé l’action du préfet dans la gestion de la crise sanitaire du Covid. « Sa parole, dans un contexte anxiogène, était attendue et écoutée. Elle engageait l'État, et rassurait la population, comme le monde économique ». Ils ont également mis en avant, « son travail, sa présence, son écoute, son ouverture d'esprit et pour tout dire son action militante en faveur de l'économie guyanaise ». Durant son affectation, Marc Del Grande a notamment travaillé à renforcer la coopération avec le Brésil et le Suriname.

Le communiqué annonçant son départ revient aussi sur les principaux dossiers de ses 16 mois à la préfecture de Guyane. « Des avancées ont été réalisées sur des projets importants pour le territoire : le doublement du pont du Larivot, la finalisation de la centrale du Larivot, le financement des travaux de mise en sécurité de la route de Petit-Saut, la construction d’un nouvel hôtel de police ou encore les travaux de la route Maripasoula-Papaïchton… ».

La semaine dernière, Marc Del Grande était convoqué à Paris. C’est sans doute à ce moment que le préfet a appris son départ. Prévenu au dernier moment, d’aucuns estiment que le fonctionnaire a été débarqué. Pour autant, on ne sait pas s’il s’agit d’une sanction ou d’une promotion. On le saura en suivant de près la future nomination de Marc Del Grande, et plus précisément son futur poste et son lieu d’affectation. 

Sa gestion de la crise du coronavirus, citée en exemple en haut lieu -jusqu’à l’Elysée-, pourrait peut-être le mener vers une région plus peuplée, ce qui serait signe d’une promotion. 

(Crédit photo : A. Behary-L-S/Radio Peyi)

Quoi qu’il en soit, Marc Del Grande n’aura pas la tache de se prononcer sur une éventuelle annulation du carnaval, début 2021. Ce qui aurait pu ternir sa popularité, ici en Guyane…

Un nouveau préfet coutumier des Outremer

Le curriculum vitae de Thierry Queffelec, le remplaçant de Marc Del Grande, est tout aussi fourni que son prédécesseur. À 58 ans, lui aussi est diplômé de l’école militaire de Saint-Cyr. Titulaire d’une maîtrise d’histoire et d’un DESS en aménagement et défense, Thierry Queffelec a déjà eu plusieurs bureaux dans des préfectures et témoigne d’une expérience de plus de 15 ans au sein du ministère de la Défense. De 2010 à 2014, il est sous-préfet de Le Raincy, auprès du préfet de Seine-Saint-Denis. Puis, jusqu’à fin 2018, il est secrétaire général pour les affaires régionales auprès du préfet de région en Provence-Alpes-Côte d’Azur. 

Depuis près de deux ans, Thierry Queffelec était en poste de préfet, administrateur supérieur des îles de Wallis-et-Futuna. Là-bas, ce haut fonctionnaire, Chevalier de l’ordre national du Mérite et de la Légion d’honneur, a dû gérer plusieurs dossiers épineux. D’abord des crises coutumière, sociale et religieuse ; puis l’isolement de son territoire face à la pandémie de Covid-19. 

Aujourd’hui, alors que la Guyane redoute une deuxième vague de l’épidémie sur son sol, le nouveau préfet va devoir reprendre en main le dossier de la crise sanitaire. Les acteurs économiques et les élus, eux, attendaient une stabilité à la tête des services de l’Etat en Guyane. Pour les contenter, Thierry Queffelec devra donc sûrement jouer la carte de la continuité, par rapport à son (populaire) prédécesseur, Marc Del Grande.