Tribune de Gabriel Serville : « Il est urgent de décolonialiser la constitution de 1958 »
Le 7 septembre 2022, le Président de la République s’engageait à repenser la relation entre la France et ses territoires d’outre-mer, affirmant que ces derniers étaient arrivés au bout d'un cycle. Pour Gabriel Serville, président de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG), ces promesses ont été suivies d’un « lourd silence ».
Dans une analyse du texte fondamental, le préambule de la Constitution de 1958 fait émerger une contradiction qui suscite l’interrogation, du président de la CTG. « Le préambule, qui devrait être un socle inébranlable, présente des faiblesses flagrantes », souligne Gabriel Serville. Tandis que l’alinéa 1 évoque « le peuple français », l’alinéa 2 fait référence « aux peuples des territoires d’Outre-mer », donnant ainsi l'impression que ces derniers ne sont pas pleinement intégrés au sein de la nation. Cette rédaction renforce l'idée que les habitants des Outre-mer pourraient être vus comme « des citoyens de seconde zone ».
Gabriel Serville déplore le non-respect de ce principe de « libre détermination des peuples » qui aurait dû être un fondement du rapport entre Paris et ses territoires. À la place, une relation empreinte de « forte dose de paternalisme », selon lui, « persiste, avec des conséquences désastreuses pour le développement économique de ces territoires ».
Le président de la CTG appelle à une réforme en profondeur du préambule et de la Constitution de 1958. Pour lui, il est impératif de « décolonialiser » la rédaction de ce texte en éliminant toute trace de principes qui relèguent encore les territoires d’outre-mer à des statuts coloniaux, et en leur permettant de disposer d’institutions propres, garantes d’une pleine égalité.
La Guyane, à travers son projet voté d'évolution instutionnel voté en 2023 par le Congrès des élus, cherche à avancer vers une autonomie inscrite dans la Constitution. Gabriel Serville, en soin dans l’Hexagone, réitère donc la demande d’un accord avec le gouvernement pour une réécriture constitutionnelle qui réponde aux aspirations de la Guyane et des autres territoires d’Outre-mer. Par ailleurs, il remet en question la pertinence de participer à un énième Comité Interministériel à l’Outre-mer (CIOM), dont il doute qu’il puisse répondre aux attentes des populations concernées.