Motion de censure : les réactions des députés ultramarins après la chute du gouvernement Barnier
Alors que le président de la République devrait désigner un nouveau Premier ministre dans les prochaines 24 heures, les attentes sont fortes dans les Outre-mer. Si certains élus espèrent une politique plus inclusive, d’autres s’inquiètent des retards dans les réformes et financements. La destitution du gouvernement Barnier reflète non seulement une crise politique nationale, mais aussi des tensions persistantes sur les priorités et besoins des territoires ultramarins.
Une motion soutenue par une majorité des élus ultramarins
Pour plusieurs députés de gauche, ce vote marque une réponse à des frustrations face à un gouvernement jugé sourd aux demandes des territoires ultramarins. Élie Califer, député socialiste de Guadeloupe, déplore l'absence de dialogue : « Jusqu’à la dernière minute, on espérait que le Premier ministre chercherait un compromis. Mais il a préféré ignorer nos besoins. »
Même constat pour le député de Guyane, président de la délégation Outre-mer à l'Assemblée nationale. Davy Rimane (GDR) pointe une marginalisation des Outre-mer dans les décisions budgétaires :
« Dès le départ, les maires de nos territoires étaient lésés. Nos amendements ont été systématiquement écartés, ce qui reflète une volonté de bloquer nos dossiers cruciaux. Donc, nous n’avons pas hésité à censurer ce gouvernement. »
En Martinique, Jiovanny Williams (PS) critique une politique d’exclusion :
« Ce gouvernement préfère dialoguer avec l'extrême droite plutôt qu’avec les élus ultramarins. J’espère que le prochain exécutif prendra enfin en compte nos votes et trouvera des compromis. »
Des préoccupations pour les projets en cours
La chute du gouvernement met en péril des dispositifs législatifs cruciaux pour les Outre-mer. En Martinique, le protocole visant une baisse des prix de 20 % est remis en question. Béatrice Bellay (PS) appelle à maintenir l’effort :
« L’État et la Collectivité doivent tenir leurs engagements, mais cela ne suffira pas pour pérenniser la baisse des prix. Nous avons toutefois fait adopter une loi d'urgence contre la vie chère, qui nous permettra d’aller plus loin. »
Elle espère qu’un nouveau gouvernement relancera les discussions sur la continuité territoriale. « C’est une question d’équité pour tous les habitants des territoires ultramarins. Nous restons ouverts à un accord de non-censure si cela peut garantir des avancées. »
Des votes contre la motion, par pragmatisme
Face au risque d’instabilité politique, certains députés ultramarins ont choisi de ne pas voter la censure tout en étant critiques envers l’exécutif sortant. Estelle Youssouffa (Liot), députée de Mayotte, s’inquiète des répercussions économiques :
« Nos territoires sont trop fragiles pour supporter une instabilité, même temporaire. Le Premier ministre n’a rien fait pour nous, mais je refuse d’aggraver la situation. »
Nicolas Metzdorf (EPR), élu de Nouvelle-Calédonie, met en avant les besoins de son territoire. « Un gouvernement absent, ce sont des décisions budgétaires reportées, et nos projets sont déjà en difficulté. La France doit privilégier le compromis pour avancer. »
Emmanuel Macron doit désormais nommer un nouveau Premier ministre ou une nouvelle Premier ministre. Le président de la République doit s'exprimer aujourd'hui, à 16h heure de Guyane.