Les Régions ultrapériphériques (RUP) souhaitent la création d’un fonds d’aide spécifique en cas de crise

Durant deux jours, les présidents des RUP se sont réunits sur l'île de la Réunion avec en toile de fond : la menace d’une réduction des fonds européens alloués à ces territoires après 2027, et une volonté affichée de la Commission européenne de re centraliser certaines décisions stratégiques.
Les RUP ont adopté une déclaration finale commune, dénonçant une potentielle « déconstruction de la politique de cohésion » européenne. Thibault Lechat Vega, vice-président de la Collectivité Territoriale de Guyane chargé de l’Europe et membre du Comité Européen des Régions, a souligné l’importance de ce texte :
« Tous les territoires ultramarins sont unanimes : ils demandent plus d’autonomie et de responsabilité. La politique de cohésion ne peut se faire à marche forcée. La recentralisation envisagée à Bruxelles serait un non-sens alors même que les territoires d’Outre-mer demandent à l’Etat français plus d’autonomie et de pouvoir décisionnel dans un processus institutionnelle »
Cette position traduit une volonté partagée de maintenir une gouvernance locale forte, adaptée aux spécificités de chaque territoire, notamment dans les zones les moins développées de l’Union comme Mayotte et la Guyane.
© Collectivité territoriale de Guyane
Vers un fonds d’aide européen dédié aux crises dans les RUP
Parmi les principales demandes exprimées par les RUP figure la création d’un fonds européen d’aides spécifique pour répondre aux crises majeures : catastrophes naturelles, sanitaires, ou climatiques. Thibault Lechat Vega insiste sur ce point :
« On doit permettre à ces territoires de faire face aux aléas climatiques, mais aussi soutenir des filières économiques spécifiques comme la pêche ou le bois, avec un POSEI (Programme d'options spécifiques à l'éloignement et à l'insularité) adapté, à l’image de celui existant pour l’agriculture. »
Cette proposition vise à combler les lacunes actuelles du système d’aide, souvent inadapté ou inégalement réparti. Elle s’adresse notamment aux régions françaises d’Outre-mer les plus touchées, comme récemment dans l’Océan Indien, où les cyclones ont pesé lourdement sur l’économie locale et les infrastructures.
La Guadeloupe prend la tête des RUP avec une vision claire
Le président de la Région Guadeloupe, Ary Chalus, a officiellement pris ses fonctions à la tête de la présidence tournante des RUP. Lors de son discours de passation de pouvoir à La Réunion, il a mis l’accent sur la nécessité de préserver une politique de cohésion européenne forte et de renforcer la résilience économique des régions concernées. « Une approche agile et pragmatique est indispensable pour soutenir efficacement nos populations face aux défis spécifiques des RUP », a-t-il déclaré dans un communiqué.
© Région Réunion
Le nouveau président des RUP a également exprimé ses inquiétudes concernant l’impact de la taxe carbone sur les transports maritimes et aériens, des secteurs essentiels pour les économies insulaires, notamment en matière de tourisme et de logistique.
La région Guadeloupe qui prend la tête de la Conférence des RUP alors qu’elle est actuellement secouée par une enquête pour fraude présumée dans la gestion des fonds européens. Des perquisitions ont eu lieu et plusieurs responsables ont été auditionnés sur ordre du Parquet européen.
Un message adressé à Bruxelles contre un rétropédalage
Alors que l’Union européenne réévalue ses priorités face aux tensions géopolitiques et à la guerre en Ukraine, les RUP entendent faire valoir que leur développement ne peut être sacrifié, conclut Thibault Lechat Vega :
« Nous comprenons les enjeux de défense, mais la solidarité européenne ne doit pas s’arrêter aux frontières continentales. Des territoires, comme la Guyane ou Mayotte, ont besoin d’atteindre un niveau de développement au même titre que n’importe quelle région sur le continent ».
La Guyane devrait prendre la présidence de la Conférence des RUP en 2028.