François Bayou, nommé 1er ministre : ses liens avec la Guyane et les Outre-mer
Plus d’une semaine après la censure du gouvernement de Michel Barnier, le président de la République a choisi de nommer son allié de la première heure, le président du MoDem, à Matignon. Tout juste nommé ce vendredi, le nouveau Premier ministre a assuré qu'il y avait « un chemin à trouver » menant à la « réconciliation nécessaire » du pays. « Tout le monde mesure la difficulté de la tâche », a déclaré le chef de l'exécutif à la presse.
Deux temps forts en Guyane : novembre 1996 et la présidentielle 2012
Novembre 1996 la visite de François Bayrou est décisive en tant que ministre de l’Éducation nationale. Le leader centriste s’est rendu en Guyane à la suite d’un important mouvement social mené par des lycéens. Ce mouvement, initié au lycée Félix Eboué, était une réaction aux insuffisances criantes du système éducatif : manque de professeurs, infrastructures insuffisantes et gestion inadaptée.
Le malaise était tel que les manifestations lycéennes s’étaient étendues et avaient mobilisé une large partie de la population guyanaise. Ces événements s’étaient accompagnés de violences urbaines faisant un mort.
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Lors de sa visite, Bayrou a pris une décision historique : l’annonce de la création d’une académie distincte pour la Guyane. Jusqu’alors, cette dernière faisait partie de l’Académie des Antilles-Guyane, avec un rectorat basé à Fort-de-France, en Martinique. La nouvelle académie de Guyane a permis une gestion plus autonome des affaires éducatives et a répondu aux besoins spécifiques du territoire, marquant un tournant dans l'histoire de l'éducation locale.
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En 2012, lors de sa campagne présidentielle sous l’étiquette du MoDem, François Bayrou s’est de nouveau rendu en Guyane, dans le cadre d’une tournée dans les territoires ultramarins. Parmi ses propositions, Bayrou a défendu la création de zones franches larges pour stimuler l’économie locale et encourager l’autonomie économique. Il a également critiqué une approche basée sur l’« assistance », préférant une stratégie orientée vers la production locale et le développement durable. Il avait évoqué les problèmes de vie chère en mettant en avant l’importance de réorganiser les circuits de distribution pour limiter l’impact de l’éloignement géographique. Un sujet encore d’actualité sur lequel il devra se pencher avec son gouvernement et le ou la prochain(e) ministre des Outre-mer.
Faibles succès électoraux et popularité mitigée en Guyane
Pour évaluer sa popularité ici, à noter, qu’en 2002 lors de l’élection présidentielle, sous l’étiquette de l’UDF, François Bayrou a recueilli 1,77 % des voix au 1er tour en Guyane. En 2007, son score avait nettement progressé, atteignant 8,04 % des suffrages exprimés. En 2012, il recule avec 6,23 % face à François Hollande et Nicolas Sarkozy, qui ont largement dominé les suffrages.
Bayrou et les Outre-mer
François Bayrou connaît les dossiers ultramarins. La raison première, ce sont ces trois candidatures à la présidentielle. « On ne peut pas faire campagne sans parler de l'Outre-mer », disait-il justement sur RCI en 2012 lors d'un déplacement aux Antilles. François Bayrou a donc eu souvent l'occasion de s'exprimer sur ses idées, sa vision pour les territoires.
Le nouveau Premier ministre, prétendant à l'Élysée à l’époque, déclarait ainsi il y a une dizaine d'années que l'avenir de l'outre-mer « n'est pas dans l'assistance, mais dans le développement dans l'activité, la création, la production, l'invention et l'innovation », à l’occasion de ses déplacements aux Antilles, en Guyane et la Réunion.