Foncier : l’agriculture guyanaise renforcée par l’amendement du député Castor
Un besoin urgent d’autosuffisance alimentaire
Selon l’amendement, ce transfert de terres gratuites doit contribuer à atteindre l’objectif de 75 000 hectares de surface agricole utile, comme prévu dans le Schéma d’aménagement régional de 2016. Jean-Victor Castor souligne la dépendance alimentaire importante de la région :
« Le taux de couverture alimentaire par les produits locaux n’est que de 20 %. L’élevage, par exemple, ne couvre que 20 % des besoins en viande bovine, et moins de 1 % pour le poulet de chair. »
La faible autosuffisance est aggravée par la croissance démographique rapide, la plus forte de France hors Mayotte, avec un taux de +1,6 % par an. Selon l’Insee, la population guyanaise pourrait atteindre 428 000 habitants en 2050, soit un doublement en 40 ans. Cette pression démographique renforce l’urgence d’accéder à un foncier suffisant pour assurer la souveraineté alimentaire.
Un enjeu de jeunesse et de souveraineté alimentaire
Jean-Victor Castor a rappelé que deux tiers des jeunes sortis du lycée agricole en Guyane ne parviennent pas à s’installer, faute d’accès au foncier : « La Guyane constitue un paradoxe : sur ce territoire de 8,4 millions d’hectares, les agriculteurs ne parviennent pas à accéder au foncier. Depuis 2016, le schéma d’aménagement régional prévoit 75 000 hectares de surface agricole utile, mais l’État n’a cédé que 20 000 hectares à la Safer. »
Le soutien des députés et des acteurs locaux
Davy Rimane, député guyanais, a ajouté que la réticence de l’État à élargir l’accord de 2017, qui ne prévoyait que 20 000 hectares de cession, menace les efforts d’installation des jeunes agriculteurs. Selon lui, « si deux tiers des jeunes ayant fait des études agricoles renoncent à entrer dans la filière, la Guyane ne pourra jamais parvenir à la souveraineté alimentaire ».
Éric Coquerel, président de la commission des finances, a lui aussi appuyé la démarche en affirmant que l’amendement est une réponse pragmatique :
« Les terres dont il s’agit ne sont pas utilisées par l’État ; il est de bon sens de les mettre à disposition de jeunes agriculteurs souhaitant s’installer. Cela résoudra un réel problème et ne coûtera pas cher à la puissance publique. »
L'adoption de l’amendement a eu lieu malgré des réserves, une forte abstention et des objections initiales du gouvernement qui a néanmoins levé son gage financier.