Pollution, sécheresse, accès à l’eau : des échanges vifs au Comité de l’eau et de la biodiversité

L’identification des zones humides, le bilan des rencontres transfrontalières Bio-Plateaux Guyane–Suriname, et les retours d’expérience sur les dernières crises de l’eau ont rythmé les échanges avec un message est clair : « l’heure est à l’action collective ».
« Le Comité de l’Eau et de la Biodiversité est l’instance qui coordonne le schéma d’aménagement de l’eau en Guyane. Il est impératif que tous les acteurs travaillent ensemble pour répondre à ces défis environnementaux majeurs », rappelle Patrick Lecante, président du CEB et maire de Montsinéry-Tonnegrande.
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La sécheresse historique de 2023-2024 a laissé des séquelles. Avec des niveaux très bas sur les fleuves Maroni et Oyapock, certaines communes de l’intérieur ont été durement touchées : transports fluviaux interrompus, difficultés d’approvisionnement, et même salinisation de l’eau du robinet à Saint-Laurent du Maroni.
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Un aléa climatique qui peut être anticipé à l’avenir explique Patrick Lecante, président du CEB et maire de Montsinéry-Tonnegrande :
« Nous avons vu la nécessité de revoir les dispositifs d'approvisionnement en eau potable, c'est-à-dire les équipements nécessaires et suffisants pour alimenter les populations en quantité et en qualité. À titre d’exemple, avec la CACL, nous envisageons le déplacement de la station de pompage sur la rivière La Comté, car le biseau salin atteint aujourd’hui son emplacement actuel en période d’étiage. »
D’autres opérations similaires sont déjà à l’étude dans l’Ouest guyanais, portées par les collectivités locales et communautés de communes.
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Qualité de l’eau : globalement bonne malgré des signalements
Face aux inquiétudes des habitants sur la qualité de l’eau potable notamment après la présence d'alluminium révélée par nos confrères de France-Guyane, le président du CEB s’est voulu rassurant tout en reconnaissant des zones à surveiller :
« Nous avons une eau de bonne qualité. Certes, il y a encore quelques localités où des dépassements sont observés, parfois sur des durées trop longues. Mais globalement, si l’eau n’était pas potable, l’Autorité de tutelle (ndlr ARS) aurait interdit sa consommation. Et nous avons tenu à en discuter longuement de cette question pour rassurer les populations. »
Pollution des cours d’eau : l’orpaillage illégal pointé du doigt
Autre dossier sensible : la pollution des fleuves, notamment due à l’orpaillage illégal. Un phénomène ancien, mais encore d’actualité.
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Pour limiter la pollution des cours d'eau, cela passe par les actions renforcées des services de l'Etat dans la lutte contre l'orpaillage illégal rappelle Patrick Lecante. « Le mercure utilisé dans l’orpaillage illégal se retrouve dans les cours d’eau, dans la chaîne alimentaire. Il faut une lutte incessante pour éradiquer ce fléau. Cela va bien au-delà du mercure : la déforestation, les matières en suspension compliquent aussi le traitement de l’eau. Tout est lié. Notre rôle est de garantir une eau brute de bonne qualité. », conclue, le maire de Montsinéry-Tonnegrande.