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Les premiers réfugiés climatiques guyanais seront-ils les Kali’na d’Awala-Yalimapo ?

En Guyane comme ailleurs, la mer monte sous l’effet du réchauffement climatique. Une situation longtemps sous-estimée. Chaque année, la mer gagne de 2 à 3 mètres sur le village. Les précisions avec Outremers 360.

  • Par: Radio Péyi avec Outremers360
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Malgré les cris d’alarme des années 2000, la question fut longtemps laissée sous silence du fait d’une grande habitude de l’importante érosion du littoral. Ces mouvements sont d’ailleurs encore aujourd’hui l’objet de sérieuses recherches de la part du BRGM qui, malgré l’urgence, pense les prolonger jusqu’en 2025.

La mer semble modifier durablement le trait de côte.

De Mana à l’embouchure du Maroni, tout bouge. Jusqu’en 1980, le littoral de Mana était composé d’une mosaïque de zones humides, et de mangroves en bord de mer. Dans les années 80, s'installent sur cette côte des rizières, une activité agricole intensive mal adaptée aux réalités.

Entre 2000 et 2016, en l’absence de banc de vase protecteur, la côte reculait sans cesse et en 2010 on notait la disparition définitive des rizières de la « savane Sarcelles ». Alors, le Conservatoire du littoral met en place entre Mana et Awala, un des dix projets ADAPTO français (projet ayant pour ambition de prendre en compte les dynamiques littorales). 

La mer grignote la plage du village de Yalimapo, l'une des « plus belle plage » de Guyane

La pointe Vigie protège encore la plage de Yalimapo grâce à la puissance du Maroni. Habituellement le banc de vase permet la reconstitution du littoral. Or il n’en est rien ! Yalimapo, la plage s’est réduite au point que le site historique de ponte des tortues luths s’est transformé en dune. Les luths désertent le village pour la plage de Rémire-Montjoly, plus à l’est où elles retrouvent le sable

La disparition de la plage de Yalimapo pose questions aux habitants du village. Deviendront-ils les premiers réfugiés climatiques de Guyane ? Les Kali’na et les bushinengués peuvent-ils d’ailleurs être assimilés à cette catégorie, eux qui, nomades à l’origine, savaient suivre le mouvement de l’océan avant d’être sédentarisés ? 

Sur place, on ne se contente plus des rumeurs, car deux ou trois mètres de plage partent chaque année. Lors de la dernière grande marée, les habitants ont eu les pieds dans l’eau, la route a été inondée comme le transformateur. Les Kali’nas réclament, à leur maire Jean-Paul Fereira, une réunion et craignent la disparition des maisons construites par leurs parents ou leurs grands-parents. Ils sont nombreux à refuser un déplacement « le long de la route ou à 50km »

A Awala-Yalimapo, la crainte se dirige surtout vers l’Etat qui risque de choisir ce qui lui coûtera le moins cher, à savoir déplacer le village plutôt que faire une digue ou de réensabler. « Conforter la plage permettrait de gagner trois ans mais dans quatre à cinq ans il faudra envisager de déplacer le village » prédit-on à la DGTM, tout en comptant sur les qualités de résilience des Amérindiens qui « peuvent rester sans bouger sur un site inondé trois jours uniquement avec de l’eau et des vivres ». Ce qui permettrait de n’agir qu’en cas d’inondations extrêmes