Les côtes guyanaises encore recouvertes par les sargasses
Depuis une semaine, ces algues s'échouent massivement sur les plages. Un phénomène qui revient de plus en plus régulièrement depuis 5 ans sur le littoral du plateau des Guyanes.
Un impact potentiel des algues sur la santé
Quand les algues restent trop longtemps sur les plages et qu’elles se décomposent, elles produisent du sulfure d’hydrogène. Un gaz potentiellement nocif pour la santé. Ceci peut générer une interdiction de baignade par les communes si le risque est avéré. Dans ce cadre, l’ARS s’est équipée de capteurs pour mesurer les taux de sulfure d’hydrogène à la demande des communes. « Sur les années précédentes, en particulier en 2015, aucun taux élevé de sulfure d’hydrogène n’a été mis en évidence », précise Hélène Delvaux, cheffe de l'unité biodiversité au sein du service milieux naturels à la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Deal).
Aucun dispositif de ramassage n’est prévu pour le moment
Ce sont également les communes qui sont chargées du ramassage si le risque est trop élevé. Selon la Deal, la dynamique des houles et des marées est suffisamment importante pour les remettre en suspension sur l'eau et les retirer des plages. Le dépôt sur les côtes n’est donc pas suffisamment long pour nécessiter un ramassage, puis un traitement.
Dépôt des algues sargasses sur la plage de Montabo à Cayenne (Photo : A.Behary LS)
Dans le cadre de la cellule de crise qui s’était mise en place en 2015, il y a eu des réflexions qui ont commencé à se mettre en place selon la Deal. Notamment établir un diagnostic de la situation et évaluer le danger potentiel sur la santé humaine. « En terme de surveillance satellitaire, il y avait un dispositif mis en place en 2015 pour évaluer l’ampleur du phénomène. Il faut donc quantifier le phénomène avant de passer à une étape de ramassage » affirme Hélène Delvaux, cheffe de l'unité biodiversité au sein du service milieux naturels à la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement.
Les algues sargasses : le cauchemar des pécheurs
L'apparition de ces algues a aussi des conséquences économiques. De nombreux pêcheurs ne sortent plus en mer. Les sargasses stagnent dans l'eau et dégagent du gaz carbonique, empêchant ainsi les poissons d'approcher les côtes. Les fournisseurs ne peuvent plus être approvisionnés et les étals du marché sont presque vides. Certains pêcheurs ne vont plus en mer puisque pour 1km de filet, il faut un ou deux jours pour le nettoyer. Un important manque à gagner pour la pêche côtière, selon Georges-Michel Karam, président du comité régional de pêche maritime de Guyane. « Les sargasses prennent l’oxygène présent en mer donc les poissons sont très au large là où il n’y a pas de sargasses » affirme-t- il. En référence à une étude menée antérieurement, Georges-Michel Karam affirme que l’origine de ce phénomène est humaine. « C’est dû au rejet des engrais agricoles en mer au niveau du Brésil. Les algues sargasses deviennent énormes, elles se détachent et vont jusqu’aux Antilles » précise Georges-Michel Karam.
Au marché de la mer, les étals se vident. (Photo : Image d'archive d'illustration)
Une demande d'aide financière pour les pêcheurs Guyanais, Martiniquais et Guadeloupéens n'a pas reçu de réponse de la part du ministère des Outre-mer. Georges-Michel Karam souhaite la relancer avec l'aide de l'Ifremer.
Des plages recouvertes à l'approche de la période de pontes des tortues
Ces algues peuvent être potentiellement gênantes pour les tortues marines venant pondre sur les côtes. L’arrivage des algues sargasses sur les plages correspond à la période de pontes des tortues marines entre avril et juin. La Deal a produit un certain nombre de recommandations à l’intention des communes concernant le ramassage et l’impact potentiel sur la ponte des tortues. Par exemple, ne pas utiliser d’engins mécaniques qui pourraient détruire les nids de tortues marines déjà présents sur les plages.