CEOG : un nouveau référé au tribunal administratif de la Guyane
Le juge administratif a été saisi d’une demande de référé mesure utile, concernant l’éventuelle pollution de la Crique Saint-Anne par les effets du chantier. Sur les réseaux sociaux des images d'eaux boueuses se déversant dans une rivière provoquant sa turbidité.
Le référé mesure utile permet aux requérants (plusieurs associations, dont celle du village Prospérité et la Ligue des droits de l’Homme) de demander que la CEOG, la Centrale électrique de l’Ouest Guyanais, cesse ce qu’ils considèrent être des pollutions à certains endroits du site : notamment un rejet d’eaux usées dans les affluents de la crique Saint-Anne avec des conséquences sur la biodiversité.
L’avocat de la CEOG, après avoir longuement énuméré la liste des sabotages relevées sur le site de la future centrale depuis ces derniers mois, a contesté les effets du chantier tels que décrits dans la requête. Même son de cloche du côté du sous-préfet Mathieu Gatineau, secrétaire général des services de l'État en Guyane, qui représentait la préfecture hier à l’audience : selon lui les requérants n’ont la preuve d’aucun péril grave.
« Il n’y a pas de contestation sérieuse de la part des opposants dans la mesure où les images qui appuient le dossier et circulent sur les réseaux sociaux ont été prises dans une période particulière. On parle de tromperie dans l’exactitude de la présentation des faits car nous avons reçu hier des prélèvements qui s'expriment dans la bonne unité c’est-à-dire le seuil règlementaire respecté qui prouvent bien qu’il n’y a aucun problème de turbidité ou de pollution par des matières en suspension. On voit bien la tactique, on prend des photos quelques jours après des intrusions. On déclare qu’il y a quelque chose en février alors que les images ont été prises en novembre. On voit bien la manœuvre »
Du côté des requérants, l’avocat Bruno Rose, qui n’était pas présent durant l’audience hier matin, pointe du doigt une carence des services de l’Etat. Selon lui, la préfecture n’a mis en place aucun contrôle pour aller constater les infractions commises par la CEOG :
« Le préfet n’était en mesure de présenter aucune pièce de contrôle ou quelconque justification de la part de la CEOG. Le problème principal c’est celui de la turbidité des eaux. Ce n’est pas juste de la boue qui se déverse dans la rivière. Ce sont surtout des animaux qui consomment une eau turbide. Dans l’autorisation environnementale, il n’était pas prévu qu’il y ait quelconque rejet d’eau turbides dans les cours d’eau. Et ce n’est pas que la crique Sainte-Anne qui est impactée, c’est tout le réseau hydraulique. Théoriquement l’entreprise devrait mettre en place un certain nombre de techniques afin de faire en sorte que les boues ne se retrouvent pas directement dans les cours d’eau sans être filtrées. Ce n’est pas du tout fait ou mal fait et ça a des conséquences sur la biodiversité »
La décision devrait être connue aujourd’hui ou vendredi, a précisé à la fin de l’audience, Laurent Martin, le président du Tribunal administratif de la Guyane.