État des lieux du carnaval : les dirigeants des groupes tirent la sonnette d’alarme
Hier soir se tenait une conférence sur le carnaval de Guyane à la mairie de Cayenne.
Cette conférence organisée par la ville de Cayenne permettait de faire un « état des lieux » du carnaval sur les perspectives socioéconomiques et culturelles. L’ORCG, l’Observatoire régional du carnaval guyanais a fait un point sur l’avancé de l’inscription du Touloulou au patrimoine culturel mondial de l’Unesco. La procédure est toujours en cours, et le dossier avance. En octobre dernier, souvenez-vous, le Touloulou était inscrit à l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel français, étape obligatoire pour établir une candidature à l'Unesco. Guylaine Jean-François, vice présidente de l'ORCG (Observatoire régional du carnaval guyanais), considère que pour l'heure « seul 15 % du travail a été effectué ». Elle affirme qu’il faudra « une forte mobilisation sur le territoire de la population et un investissement des politiques ». « Les bénévoles ne pourront pas poursuivre le dossier, si il n’y a pas de permanence et de soutien financier » annonce-t-elle. L'ORCG demande désormais la mobilisation de la population et des pouvoirs publics pour soutenir la candidature du Touloulou au patrimoine mondial de l'Unesco.
Monique Blérald, présidente de l'ORCG présentant les prochaines étapes pour l'inscription du Touloulou au patrimoine culturel immatériel mondial de l'Unesco. (Photo : A.BeharyLS)
Vers une disparition du carnaval le dimanche après-midi ?
Plus alarmant, les acteurs du carnaval de rue déplorent le manque de moyens financiers pour défiler les dimanches et lors des grandes parades. Certains ont décidé de ne pas participer aux différents concours et d'autres ne défileront plus. Dans un premier temps, Les acteurs du carnaval de rue déplorent que depuis plusieurs années « tout est axé sur le carnaval des salles ». « On ne sait plus où donner de la tête, du mercredi au dimanche, il y a des soirées partout » dénonce une personne dans le public. « On essaie de faire le carnaval perdurer, il n’est plus ce qu’il était. Tout le monde a reçu la trentaine de flyer pour les soirées. Elles sont bien sponsorisées. Ces soirées nous écrasent et prennent tous nos sponsors » selon Stéphane Sainte-Foie, président de Kassialata. Il annonce que Kassialata ne participera à aucun concours. « Cela met de l’animosité entre groupes, ils se déchirent au lieu de se rassembler » s’explique-t-il. « Le nerf de la guerre c’est l’argent, on n’a pas de subventions. Os Band s’arrêtera le jour où l’on s’amusera plus. Je tire la sonnette d’alarme, les salles de bal prennent trop d’ampleur » précise Patricia Prost, présidente de Os Band. Hervé Jean-Charles, responsable du groupe Vibration a décidé de ne pas défiler cette année alors que le groupe n’existe que depuis 2 ans.
Défilé du dimanche après-midi en janvier 2017 avec le groupe Kassialata.
« Depuis quelques années c’est plus compliqué de donner des subventions, en revanche la ville de Cayenne donne la même somme que le carnaval soit plus long ou plus court » répond Françoise James Ousénie, directrice des affaires culturelles et de la coopération à la ville de Cayenne. Le débat est ouvert aux personnes venues assister à cette conférence et dans le public, l’idée de revenir aux sources est émise : « le carnaval à l’époque, c’était de l’amusement, de la dérision et chacun y allait avec son investissement personnel. A l’époque lorsque la bande des 4 affichait le thème le mercredi, on avait deux jours pour trouver le déguisement et tout le monde était dans le thème. Il faut sortir de ce système d’assistanat ». « Il y a de l'argent ! On peut demander 1 euros, sur les galettes de rois, les tissus vendus et sur les tickets des soirées qui s’enchainent à redistribuer aux groupes », propose une autre personne dans le public. Certains ont déploré l’absence de responsables politiques et des présidents des comités carnavalesques durant la conférence.
Arrivée du roi Vaval à Matoury pour le carnaval 2017.
Le ton est déjà donné alors que la carnaval 2018 démarre officiellement samedi après-midi avec l'arrivée du roi Vaval à Roura. Les salles de bal des Touloulous ouvriront leurs portes dans la soirée à Cayenne, Matoury et Saint-Laurent du Maroni. Et dimanche, les premiers défilés auront lieu à Cayenne, Kourou et Saint-Laurent du Maroni.