Disparition de Rosita Sabayo, cheffe coutumière du village Cécilia à Matoury

« Impliqués dès les premières heures dans la gestion de la crise, ils ont été emportés aujourd’hui par le covid-19 », a indiqué la préfecture de Guyane sur sa page Twitter. Rosita Sabayo était cheffe coutumière du village Cécilia, premier cluster déclaré en Guyane par les autorités sanitaires en avril 2020. Les 300 habitants du village avaient été entièrement confinés pendant deux semaines. Toutes les entrées et sorties étaient interdites sauf les infirmières venant donner des soins et repérer les cas. Son frère, Antoine Yubitana, chef coutumier adjoint a également été emporté par le covid-19.

Employée à la mairie de Matoury, Rosita était affectée en tant que cadre intermédiaire au service des ressources humaines voilà plus de 30 ans, tandis qu'Antoine s'assurait de la quiétude de l'hôtel de ville en tant que veilleur de nuit.

Ces disparitions plongent l’ensemble du village dans une profonde tristesse et suscitent de vives réactions :

« De l'avis de tous, ces deux collègues ont accompli leur service avec une grande exemplarité. Le maire se souvient encore de la mobilisation sans faille de la Cheffe du village, Madame SABAYO lorsqu'il a fallu faire face au premier cluster de Guyane […] Avec la disparition de Mme SABAYO, la ville de Matoury a perdu un solide monument et une femme d'une grande sincérité », indique Serge Smock, maire de Matoury.

« Gardienne de la tradition et de la culture, Rosita Sabayo était une femme guyanaise poto mitan et inspirante […] Je l'ai toujours connue investie, militante, attentive envers les autres en général et envers sa communauté en particulier. Rosita était une femme battante et courageuse, éprise de justice et de reconnaissance pour les savoirs et droits des populations amérindiennes du territoire », indique Gabriel Serville, le président de la CTG.

« Je garderai en mémoire son courage, sa volonté de défendre les valeurs portées par son village, et son énergie consacrée à perpétuer les traditions originelles et à les transmettre non seulement aux générations suivantes, mais aussi à toutes celles et ceux qui s’y intéressaient. Le tout toujours avec bienveillance et sincérité », se souvient Rodolphe Alexandre, conseiller territorial, ancien président de la CTG.

« L'ensemble des organisations de la Caravane pour la liberté a appris avec une grande tristesse le décès de la cheffe du village Cécilia, Rosita Sabayo et de son frère Antoine Yubitana. Le collectif exige la mise en application de stratégies sanitaires efficaces et efficientes, afin que chaque vie soit préservée », indique le collectif d’associations, de syndicats et d’organisations politiques.