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Orpaillage illégal : soupçon d’homicides à Dorlin, une enquête ouverte

Une enquête est ouverte par le parquet de Cayenne suite à la diffusion de photos et d’audio qui circulent depuis jeudi sur les réseaux sociaux. On y voit 5 hommes morts probablement exécutés et il est annoncé que c’est à Dorlin. Si aucun corps n’a pour l’heure été retrouvés et que rien ne permet d’identifier formellement le lieu, certains éléments laissent à penser qu’il y aurait bien eu des crimes produits récemment dans le secteur. En cause, la « guerre de territoires » de bandes armées liée à l’orpaillage illégal.

  • Par: abehary
  • Date:

Que savons-nous avec certitude ?

Pour l'heure, les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie, mis sur l'affaire par le procureur, en sont aux vérifications. La première chose à faire est de trouver les corps, or aucun cadavre n'a été retrouvé. Les enquêteurs ont en leur possession, une photographie et des audios, qui circulent depuis jeudi sur les réseaux sociaux. Ce qu'il est de coutume d'appeler « Radio Forêt » a donc permis de mettre à jour de probables faits d'homicide, avec des indications qui disent que ça s'est produit dans le secteur sensible de Dorlin. Sur la photo, on voit 5 hommes morts allongés sur le sol le long d'un tronc d'arbre. Mais rien ne permet de savoir avec certitude le lieu précis où ça s'est passé.

Mais pourquoi les faits sont-ils pris si au sérieux alors ?

Parce que Radio Forêt comme les gendarmes et militaires et même les habitants de Maripasoula ou d'autres communes de l'intérieur, donne quand même des indications qui bien souvent se révèlent, même longtemps après, vraies. Ce n'est pas parce que ça se passe en forêt, que tout est coupé du reste du monde. Les interactions sont grandes avec des zones plus urbanisées, comme en l'occurrence Maripasoula dans le cas présent. Et surtout parce qu'on assiste à une « guerre de territoires » depuis plusieurs semaines en Guyane entre bandes armées. La mort de Sucuri, chef de bande armée, a été l'élément majeur de cette recrudescence de violence. Sucuri et son groupe faisaient régner la terreur depuis 3 ans avec sa bande et vient d'être éliminé, non pas par les Forces armées en Guyane (FAG) mais par une bande rivale, son corps a été retrouvé en janvier par les militaires Français.

10 ans après…

Début 2012, cinq ressortissants brésiliens sont morts à Dorlin par Manoelzinho. Il s’agissait de prendre le contrôle de la bande à Felipe. Quelques semaines plus tard, deux autres garimpeiros sont abattus froidement par Manoelzinho et son complice Brabo. Le 27 juin 2012, lors d’une opération Harpie, deux soldats du 9ème Rima tombent dans une embuscade et sont lâchement tués par Manoelzinho. S’en est suivi une grande opération de reconquête de Dorlin ayant pour but de « rétablir la souveraineté nationale en sécurisant la zone », avait déclaré le préfet de l’époque, Denis Labbé. D’importants moyens avaient été déployés (plus de 150 soldats, 5 hélicoptères et deux avions). Un mois après la fuite, Manoelzinho est arrêté à Macapa par la BOPE.

En 2019 et 2020, d’autres bandes armées sont apparues. Le 25 mars 2020, cinq membres d’une de ces bandes sont arrêtés sur le pont de Kourou par un important dispositif armé avec le renfort du GIGN. Depuis la pression était sensiblement retombée jusqu’à cette fin 2021 et le déclenchement d’une véritable « guerre de territoires »

À tel point que la ministre Barbara Pompili a prononcé pour la 1ere fois officiellement lors de sa visite à Papaïchton et Maripasoula en février, le terme d'Harpie 3. La lutte contre l'orpaillage illégal et donc contre les bandes armées n'est pas terminée...

(Samir Mathieu)