Violence dans le sport : bagarres entre joueurs, supporters et des arbitres pris pour cibles en Guyane

Mercredi 4 juin 2025, la finale de la Coupe CTG U19 entre le Dynamo de Soula et l’A.S.C Karib, au stade Edmard Lama, a basculé dans la confusion et la violence. Une décision arbitrale contestée dès la première mi-temps a entraîné une interruption de dix minutes. En cause : un carton rouge non attribué à un joueur de Karib, selon les dirigeants de Soula, qui ont déposé une réserve.
Alors que le match a repris avec un score favorable à Karib (2-1), l’égalisation du Dynamo a semé le doute qar le but est validé après un moment de flottement dan l’arbitrage. La rencontre se termine par une victoire de Soula aux tirs au but mais aussi par l’envahissement de la pelouse, des altercations entre joueurs et supporters, et surtout, agression verbale et physique envers le jeune arbitre de 19 ans, nécessitant l’intervention des agents de sécurité. Le tout accompagné des moqueries du public dans les tribunes.
L’UNAF tire la sonnette d’alarme
Face à cette situation, Thierry Victorin, membre de l’Union Nationale des Arbitres Français (UNAF Guyane), a tenu à réagir publiquement. Pour lui, ces actes sont inacceptables et doivent être replacés dans un cadre plus large, celui de l’éducation et du respect des règles :
« On oublie souvent que l’arbitre est un sportif, un passionné, qui a pour mission de faire respecter les règles du jeu. Il est surtout un être humain qui peut faire des erreurs. En cas de litige, il y a des instances prévues pour déposer des recours. La violence n’a donc pas sa place, ni dans un stade ni ailleurs. C’est une question de savoir vivre en général »
Des désignations arbitraires critiquées
Au-delà de la violence subie, Thierry Victorin pointe également un problème structurel dans la désignation des arbitres, notamment pour des matchs à fort enjeu :
« Pour une finale, il faut un arbitre expérimenté. Ce jeune arbitre n’était pas préparé pour un tel niveau de pression. Notre devoir est de protéger, conseiller, faire évoluer les arbitres peu expérimentés. Nous avons donc une responsabilité collective dans sa mise en difficulté. »
Il met en cause la Commission Régionale de l'Arbitrage (CRA), rattachée à la Ligue de Football de Guyane, en soulignant un manque de cohérence dans les affectations :
« On envoie parfois des arbitres de R3 sur des matchs de R1 et des arbitres R1 en R3. C’est incompréhensible. Il faut aligner la compétence de chacun au niveau du match. »
Une réaction ferme de la Ligue
Dans un communiqué officiel, le président de la Ligue de Football de la Guyane, dont l'identité n’a pas été précisée, a exprimé une condamnation sans équivoque :
« Alors que cette rencontre devait être un moment de célébration du football pour les jeunes, certains ont choisi de se distinguer par des comportements indignes. »
Il annonce également des sanctions ciblées contre les auteurs des violences identifiables et souligne la responsabilité des éducateurs :
« Les faits de violence initiés, encouragés ou tolérés par des éducateurs feront l’objet de sanctions exemplaires. Un éducateur se doit d’incarner les valeurs du sport. »
Enfin, il en appelle à une mobilisation collective des clubs, dirigeants, encadrants, parents et supporters, pour garantir un climat serein autour des terrains.
Un second incident en quelques semaines
Cet épisode n’est pas isolé. Il s’agit du deuxième incident grave impliquant des violences envers un arbitre en moins de trois semaines sur les terrains de Guyane. Un climat préoccupant s’installe, mettant en péril non seulement la sécurité des officiels, mais aussi la qualité et l’équité des compétitions locales.
Le cas de ce jeune arbitre soulève des questions fondamentales : quels profils pour officier les matchs à fort enjeu ? Comment mieux accompagner les jeunes arbitres dans leur formation et leur protection ? Et surtout, quelle réponse collective face à la banalisation de la violence ?
« Ce n’est pas un jeu. Derrière chaque sifflet, il y a un être humain. Nous devons le protéger, pas le livrer à une vindicte populaire », conclut Thierry Victorin.