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La Canopée : un navire innovant, un défi technologique relevé

Après avoir quitté le port de Bordeaux le 21 octobre dernier, au bout d’une douzaine de jours, le navire hybride vélique (à voile) et thermique d’ArianGroup a rejoint le port de Pariacabo à Kourou. Il s’agit de sa toute première traversée transatlantique avec des éléments d'Ariane 6. La Canopée fonctionne grâce à deux moteurs thermiques de 3 840 kW et à quatre grandes voiles de 37 mètres de haut. Ce navire hybride de 121 mètres de long a été développé pour transporter des éléments de la future Ariane 6. Interview d’Eric Le Nechet, responsable logistique des transports pour ArianeGroup.

  • Par: adminradio
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Comment s’est déroulée cette première traversée de l’Atlantique avec des éléments d'Ariane 6 ?

On est parti de Bordeaux le 21 octobre direction Kourou. C’est un bateau très prometteur par rapport aux performances visées et qu’on commence à mesurer. Le retour nous permettra d’affiner cette performance qui est déjà largement prometteuse par rapport à ce qu’on avait prévu pour ce navire.

En quoi peut-on dire que ce cargo est à la pointe de l’innovation du transport maritime ?

C’est un navire hybride à propulsion diesel marine à deux moteurs et propulsion vélique. L’objectif n’est pas simplement de proposer une traversée à la voile mais surtout de réduire le taux de charge des moteurs en propulsion à l’aide des vents et donc des quatre voiles installées sur le navire. Ainsi, baisser notre consommation en diesel et pour ça, on fonctionne avec un routeur pour optimiser la route. On calcule des nouvelles routes en fonction des Alizées et des courants pour optimiser notre consommation. Donc l’idée n’est pas d’aller très vite mais d’arriver à une date précise en consommant le moins de carburant possible (-30 % en moyenne) 

Et ce type de transport correspond au cahier des charges, aux besoins de transports pour le future lanceur Ariane 6 en proposant un acheminement plus rapide qu’un navire classique ?

On ne peut pas dire qu’on fera tout avec La Canopée. Le navire a été conçu pour le transport d'éléments de la fusée. Par exemple, il doit acheminer des étages d’Ariane 6 de l’Hexagone vers la Guyane et va devoir les livrer à des dates précises. En fonction de ça, nous allons adapter notre vitesse. Si on peut réduire la vitesse, on va utiliser au maximum la propulsion vélique. Et si on doit accélérer, on va compenser avec les moteurs. En revanche, on garde toujours les voiles.  La charge du navire n’a pas d’impact sur sa vitesse.

Le navire correspond donc à la volonté de verdissement du spatial européen ?

C’est un défi industriel avant tout, qui a d’une part une efficacité économique et répond à la transition « Green » d’ArianeGroup. Je pense que tout nouveau système peut avoir des avantages et des inconvénients mais celui-ci répond précisément à nos spécificités de transports d’Ariane 6.

Ce succès industriel est évidemment dû à une main-d’œuvre qualifiée mais il y a-t-il de l’emploi local ou est-il prévu de faire appel à de la main-d’œuvre guyanaise ?

Ce bateau, quand on l’a conçu, on a travaillé avec des capitaines de Guyane. Le bateau appartient à JIFMAR Guyane qui est basée à Cayenne et qui emploie les marins. Des offres d’emploi au niveau local ont été proposées pour trouver des matelots ou marins Guyanais.

Une nouvelle génération de navires est lancée. Est-ce qu’on peut imaginer ce type de navigation pour aller vers une décarbonisation du transport maritime notamment de marchandises ?

Nous avons ouvert effectivement une nouvelle génération de navires. Et on voit dans la presse, dans les médias que ce type de navigation intéresse beaucoup. Nous sommes fiers d’avoir pu ouvrir la voie. Je pense, d’ailleurs, que ça sera la navigation de demain. Compte-tenu des nouvelles réglementations, le transport maritime devra forcément s’adapter. On devra penser de plus en plus à l’hybridation parce que pour aller vite demain, il faudra démontrer qu’on ne pollue pas. On voit que de toute manière le changement est incontournable.

Quelle sera la suite de l’aventure pour La Canopée ?

On repart le 10 novembre avec d'abord des éléments du Centre spatial guyanais à transporter vers l’Europe. Et ensuite dans les prochaines semaines, nous allons organiser une deuxième rotation pour le transport de nouveaux éléments d’Ariane 6.

Des événements et visites ont effectué ce week-end pour les personnels du Centre spatial guyanais et partenaires d'ArianeGroup avant le retour vers l’Hexagone, le 10 novembre.