ArianeGroup prévoit la suppression de 2 300 postes d’ici 2022
La direction générale d’ArianGroup a annoncé ce 8 novembre 2018 des suppressions d'emplois temps plein lors d’un Comité Central d’Entreprise (CCE) le 8 novembre 2018. Ces suppressions de postes représentent près de 25% des 8 000 employés en France et en Allemagne.
Un volume très faible de commandes
Ces suppressions, qui ne correspondent pas à un plan social, sont à l’origine de plusieurs facteurs. D’une part, le marché du satellite est en baisse et d’autre part les contrats intentionnels d’Europe sont en attente. « On manque d’un soutien institutionnel européen », affirme Bernard Tachoire, délégué syndical FO et représentant syndical au CCE d’ArianeGroup. Mais ce qui représente un coup dur pour l’entreprise c’est la concurrence accrue par des opérateurs américain notamment du lanceur SpaceX.
« Un cumul de facteurs qui pousse la direction à présenter ce plan difficile à accepter », ajoute Bernard Tachoire. « ArianGroup s’est laissé complètement distancer par ses concurrents américains » selon le délégué syndical FO. Les concurrents américains affichent des prix où ArianeGroup ne sera pas compétitif. SpaceX fait des contrats institutionnels à 100 millions de dollars ce qu’ArianGroup ne peut pas se permettre. SpaceX a détrôné Arianespace en nombre de lancements en 2017 et l'écart s'est creusé en 2018. Même les institutionnels européens font de moins en moins confiance au futur lanceur Ariane 6 prévu en 2020 selon le syndicat : « Ils font maintenant référence à des lanceurs beaucoup moins chers que nous ».
Une perte de talents possible
Les syndicats craignent la fuite des jeunes talents vers d’autres lanceurs étrangers. « On s’attendait à une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences à ArianGroup afin de regarder la pyramide des âges pour voir les personnes qui pourraient prétendre à un départ anticipé à la retraite », déclare Bernard Tachoire. « On espérait des réunions de concertions », ajoute-t-il. Les organisations syndicales vont se réunir au niveau du CCE pour définir ensemble des « actions de bon sens crédible ». Elles souhaitent que le groupe soit capable de gérer la situation sans perte de savoir-faire. « Si nos talents s’en vont, demain le groupe ferme. Et tout nous laisse à penser que les meilleurs vont partir », déclare le syndicat FO. « Je crains que les autres lanceurs viennent chercher des talents chez nous », ajoute-t-il.
Le vol inaugural de la future fusée européenne est prévu en juillet 2020. Mais Ariane 6 n'a reçu à ce jour que trois commandes institutionnelles (deux Galileo et CSO-3). Pour l'heure, les suppressions de postes souhaitées sur le Centre Spatial Guyanais à Kourou ne sont pas encore déterminées.