L'ARS et la Préfecture se penchent sur l'impact du plomb et du mercure en Guyane
En Guyane, deux métaux lourds sont particulièrement connus et incriminés pour leur impact sur la santé des Guyanais : le plomb et le mercure. Responsables de saturnisme, de lésions cérébrales, d’altération de la vue, de troubles du spectre autistiques entre autres; les femmes enceintes ainsi que les nouveaux nés et enfants sont les plus susceptibles d'être impactés par la présence de ces métaux lourds résiduels des exploitations aurifères. Leurs traces, présentes sur tout le territoire, impactent plus particulièrement les deux fleuves frontières, l'Oyapock et le Maroni.
Un problème déjà connu
Des enquêtes ont régulièrement mis en avant les problématiques liées à la présence de métaux lourds sur le territoire, et l'agence nationale Santé publique France publiait encore en décembre 2020 un bulletin de santé préoccupant, dédié au saturnisme en Guyane.
Si le « pôle mercure » lancé en 2003 avait permis l'interdiction définitive de l'utilisation du mercure sur tout le territoire l'année suivante, l’intégration du plomb dans les réflexions avait eu lieu plusieurs années plus tard, en 2011, suite à la découverte d'un taux anormalement haut de plombémie chez une fillette de Mana, mesuré à 1724 µg/L de sang, alors que le seuil à risque est placé à 12 µg/L.
Huit axes de travail
Ainsi, la la Stratégie Métaux Lourds (Stramélo) initiée ce jeudi, sera chargée des problématiques des métaux lourds sur le territoire, de la réflexion aux actions à mener, coordonnée par Marine Barizien de l'ARS, autour de 8 axes de travail :
- le plomb de chasse
- l'offre alimentaire : par la caractérisation des denrées et des techniques de préparation des aliments protecteurs face aux intoxications
- l'exposition environnementale : par l'étude de la présence de métaux lourds dans les sols et des pratiques limitant la diffusion dans les denrées consommées
- l'agriculture et la diversification, afin de déterminer l'accessibilité d’alternatives aux denrées contaminées et promotion des bonnes pratiques
- la surveillance et la gestion environnementale, par la surveillance épidémiologique et des enquêtes environnementales pour identifier les sources de plomb
- le repérage des intoxications, par la définition et l'élargissement des modalités de repérage des intoxications
- la prise en charge des intoxications, par l'accompagnement des populations surexposées et densification du parcours de soin
- la sensibilisation des professionnels, par la formation des personnels de santé et l'implication des populations dans des projets santé-environnement.
A partir de ces travaux, des résultats seront présentés annuellement, principalement à destination des populations les plus exposées de Guyane.