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Éric, greffé du rein, brise les tabous sur le don d’organes en Guyane

Un séminaire interrégional consacré au don et à la greffe d’organes s’est tenu durant deux jours à Cayenne. Eric (62 ans) raconte son parcours. Son message et celui des professionnels est clair : mieux informer pour mieux sauver.

  • Par: adminradio
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Organisé pour sensibiliser le grand public et former les professionnels de santé, le séminaire interrégional consacré au don et à la greffe d’organes met en lumière les enjeux éthiques, médicaux et humains liés à la transplantation d’organes. 

Parmi les temps forts : des conférences, l’inauguration d’un mémorial au Centre hospitalier de Cayenne et des témoignages de personnes greffées, comme Éric, un sexagénaire guyanais qui a retrouvé une nouvelle vie après une greffe de rein.

© Lettre Pro ARS 

Le parcours d’un greffé : trois ans d’attente et un nouveau départ

Éric, 63 ans, marin originaire de Rémire-Montjoly, a longtemps souffert d’insuffisance rénale. Pendant trois ans, il a été contraint à des séances de dialyse régulière en attendant une greffe. Une période éprouvante, marquée par des espoirs et des déceptions.

"Je savais que l’attente serait longue, on m’avait parlé de trois ans en moyenne. Pendant ce temps, je continuais ma vie normalement, tout en subissant les contraintes de la dialyse. J’ai eu plusieurs appels où l’on me disait qu’un donneur était peut-être compatible, mais à chaque fois, ça ne se confirmait pas. C’est une attente angoissante."

Finalement, en 2018, il reçoit l’appel décisif alors qu’il est en déplacement en Martinique pour son travail. Pris de court, il doit organiser son départ en urgence :

"Tout s’est précipité. J’étais en congrès hors du département quand on m’a appelé pour m’annoncer qu’un donneur était compatible. J’ai dû prendre un vol en urgence, pendant que ma sœur récupérait ma valise en Guyane pour me l’envoyer à Amiens. Tout est allé très vite, je n’ai même pas eu le temps de réaliser ce qui m’arrivait."

Sur place, malgré l’appréhension, il se sent en confiance grâce à l’expertise des médecins. L’opération se déroule avec succès, lui offrant une seconde chance :

"Le premier jour après l’opération, on souffre, c’est normal. Mais dès le troisième jour, j’ai ressenti une véritable renaissance. Fini les restrictions, j’ai pu recommencer à boire de l’eau normalement, retrouver des forces, et surtout, retrouver ma liberté."

Avant sa greffe, la dialyse limitait ses déplacements et son quotidien :

"On ne se rend pas compte à quel point cela impacte la vie. Partir en voyage demandait une organisation énorme, il fallait prévoir des dialyses à l’étranger, ce qui restreignait tout. Après la greffe, tout change, on retrouve une vie normale, on peut à nouveau bouger librement."

Une mobilisation pour lever les tabous

Convaincu de l’importance du don d’organes, Éric souhaite encourager les Guyanais à s’informer et à en parler avec leurs proches. Car, en France, nous sommes tous donneurs par défaut, surtout si nous exprimons notre position de notre vivant. Pourtant, de nombreux prélèvements sont refusés par manque d’information ou à cause de croyances ou de tabous persistants.

© E.Cornec - Radio Péyi

L’Agence biomédecine, représentée par sa directrice Marine Jeantet, insiste sur l’importance d’une meilleure sensibilisation. Beaucoup de familles hésitent à donner leur accord par crainte ou par méconnaissance. Pourtant, un seul donneur peut sauver plusieurs vies, indique la directrice de l'Agence Biomédecine :

"Le prélèvement d’un rein sur une personne décédée permet de sauver des vies. C’est un acte de solidarité immense, mais encore trop méconnu."

© Lettre Pro ARS

Marine Jeantet a récompensé les collégiens qui avaient participé au concours d’œuvres d’art sur le don d’organe :

  • 1er prix : collège Anne-Marie-Javouhey, à Cayenne.
  • 2e prix : collège Saint-Paul de Cacao, à Roura.
  • 3e prix : collège Joseph-Ho-Ten-You, à Kourou.

En Guyane, la mobilisation pour le don d’organes prend de l’ampleur. Plusieurs communes, dont Cayenne, Rémire-Montjoly et Sinnamary, ont été désignées "villes ambassadrices du don d’organes". À leur entrée, des panneaux rappellent l’importance de ce geste, qui peut offrir une seconde chance à des patients en attente de greffe. 

Marine Jeantet était "L’Invitée du 7h" de Victor Zammit à retrouver sur la page YouTube de Radio Péyi :