Démissions collectives des médecins urgentistes du Centre hospitalier de Cayenne

17 médecins du service des urgences du CHAR ont présenté hier leurs démissions et leurs mises en disponibilité à la direction pour dénoncer les conditions dégradées de l'accueil des patients.

Deux tiers des médecins des urgences de Cayenne démissionnent

Une manière de dénoncer le manque de moyens dans leur service à l'hôpital de Cayenne. Dans un courrier adressé à la direction, ces médecins évoquent, « l'absence de réponse concrète aux multiples alertes lancées concernant le temps et les conditions de travail ».

La direction de l'hôpital ne s'est pas encore exprimée sur le sujet. Notez que les agents de la fonction hospitalière sont soumis au service minimum. Du personnel peut donc être assigné pour assurer le service des urgences.

Des démissions perlées depuis plusieurs années

Depuis un an au sein du service des urgences, les praticiens titulaires en poste depuis plusieurs années démissionnent tour à tour : « On a eu 3 départs de médecins ces derniers mois sans remplacement. Il n’est plus possible avec ce faible effectif de prendre en charge  les malades. Les plannings ne sont pas faisables. Il fallait dénoncer cette situation avec une mesure forte pour rompre ce cercle vicieux », dénonce le docteur Pierre Chesneau, représentant du syndicat Samu Urgence de France à Cayenne. Les médecins ont alors décidé de tous partir, plutôt d’avoir des démissions perlées.

Actuellement, les médecins urgentistes sont au nombre de 25. Selon le Dr Chesneau, en poste à Cayenne depuis 18 ans, pour assurer les missions des urgences correctement, il faut au moins 45 médecins. « Les médecins qui sont là ont le nez dans le guidon » affirme-t-il.

Autre difficultés : les missions longues comme les évacuations sanitaires dans les communes de l’intérieur, aux Antilles ou en métropole rendent absent du service un médecin durant plusieurs heures ou plusieurs jours.

Cette situation rend la prise en charge des patients très longue aux urgences. Selon le Dr Chesneau, ce vendredi matin, 13 patients ont passé presque 10h sur un brancard, 4 presque 24h à attendre.

Selon nos confrères de Guyaweb, une réunion d'urgence devait avoir lieu ce matin à l'ARS pour vérifier les conditions de poursuite de la prise en charge des patients aux urgences de Cayenne.

Des démissions collectives qui sonnent comme un dernier cri d’alerte

Cette situation n’est pas nouvelle. A la fin de l’année dernière, les médecins urgentistes avaient lancés des appels pour alerter de la situation . « Nous sommes toujours en attente des solutions concrètes pour les mêmes problèmes », précise le Dr Chesneau.

Gabriel Serville, le député de la 1ère circonscription de Guyane, décrit dans un communiqué une décision « brutale ». Il apporte son soutien au personnel du CHAR et en appelle à une solution rapide pour « rassurer la population ».

La direction ne peut pas refuser une démission. S’il y a une avancée concrète, les médecins ont un préavis de deux mois pour revenir sur leurs démissions.