Création du CHUG : une nouvelle étape pour la santé en Guyane
Une étape administrative avant des changements visibles
Ce 31 décembre, la première étape était de créer un GCS, un Groupement de coopération sanitaire entre les établissements de santé publics de Guyane. Ce cap juridique va ensuite permettre la labellisation des CHC, CHK et CHOG, en CHR, Centres hospitaliers régionaux de Cayenne, Kourou et Saint-Laurent du Maroni, "probablement à la fin du 1er trimestre 2025".
Le Centre hospitalier de l'ouest guyanais (CHOG) devient le Centre hospitalier régional (CHR) de Saint-Laurent du Maroni. © Photo : A.BeharyLS / Radio Péyi.
Et enfin, une convention avec l'Université de Guyane sera signée pour devenir CHU. Christophe Bouriat, le directeur du CHUG, précise qu’il s’agit d’un projet évolutif :
“ Ce 1er janvier est une étape administrative. D’autres étapes viendront derrière. Des changements progressifs sont à venir à différents niveaux ”
Former localement pour lutter contre les “Sacs à dos”
Les “Sacs à dos” c’est ces termes que les agents hospitaliers définissent le turnover du personnel venu de l’extérieur exercer en Guyane mais qui n’y reste pas très longtemps.
Christophe Bouriat, le directeur du CHC lors de la présentation d'une enquête auprès du personnel hospitalier de Guyane. © A.BeharyLS / Radio Péyi.
Ce turnover est ainsi l’un des défis majeurs du CHUG. Son objectif est de former les professionnels de santé au niveau local pour stabiliser les effectifs, explique Christophe Bouriat :
« Beaucoup de jeunes Guyanais veulent travailler dans la santé, mais ils sont freinés par l’obligation de partir étudier ailleurs. Offrir des formations sur place permettra de répondre à ce besoin tout en garantissant des soins de qualité avec du personnel ancré dans le territoire. »
Les formations visent des métiers clés comme médecin, infirmier, manipulateur radio ou kinésithérapeute.
Un CHU multisite, loin d’être "Cayennocentré"
Le CHUG induit la création de CHR, Centre hospitaliers régionaux de Cayenne, Kourou et Saint-Laurent en tenant compte des hôpitaux de proximité de Maripasoula, Grand Santi et de Saint-Georges de l’Oyapock ainsi que des Centres délocalisés de préventions et de soins (CDPS). Il repose sur un modèle décentralisé, intégrant pleinement les spécificités du territoire, assure le directeur du CHUG :
« On ne souhaite pas une centralisation sur Cayenne. Les trois établissements principaux – Cayenne, Kourou, et Saint-Laurent – garderont leur rôle tout en travaillant en réseau avec les hôpitaux de proximité. La réponse aux besoins de santé se fera de manière territorialisée ».
Un CHU unique pour un territoire unique
La taille et les particularités géographiques de la Guyane rendent le projet singulier. La Guyane, avec ses 84 000 km², est un territoire immense et difficile d’accès vers l’intérieur, rappelle Christophe Bouriat :
“ C’est la spécificité du CHU qu'on est en train de construire en Guyane. Il ne va ressembler à aucun autre, parce que notre territoire est spécifique. Il se distinguera des autres établissements de l'Hexagone mais aussi de ceux en Outre-mer. Cela exige des solutions adaptées, comme l’utilisation de vecteurs aériens et fluviaux pour desservir les populations isolées. C'est le CHUG qu'on est en train de construire dans ce contexte-là. Notre CHUG est pensé pour répondre à ces réalités. “.
Le déploiement d’un schéma aérien prévu pour septembre 2024 prévoit un avion dédié pour le transport des professionnels de santé et des patients, répondant ainsi aux spécificités géographiques du territoire.
Investissements et projets à moyen terme
La création du CHUG s’accompagne d’un budget de 110 millions d’euros, incluant des infrastructures comme la nouvelle Unité mixte de recherche (UMR), l’Institut de Santé des Populations Amazoniennes qui devrait être inaugurée cette année sur le site de Cayenne.
Bâtiment de l'UMR Santé des Populations Amazonniennes. © Photo : A.BeharyLS / Radio Péyi.
La Guyane est l’un des départements ayant les taux de natalité et de fécondité les plus élevés en France. Les maternités supportent donc une activité dense avec un besoin en moyen humain croissant. Pour y répondre, à moyen terme, une école de sage-femmes pourrait voir le jour :
“Pour l'instant, on va continuer à se coordonner avec les Antilles. On va mener une étude, parce qu'il y a des besoins au niveau de sage-femme et il y a certainement quelque chose à créer sur la Guyane. Mais ça sera plutôt à moyen terme.”
Maquette Pôle consulation à Cayenne
Le Pôle consultation toujours en travaux devrait être livré prochainement également sur le site de Cayenne. Le CHUG bénéficiera de nouveaux financements spécifiques de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Guyane. Il prévoit d’autres investissements pour développer ce projet.