Clinique La Canopée : entre malfaçons et retards, soins et emplois menacés

Prévue pour être opérationnelle fin 2023, deux ans après la pose de la première pierre, la clinique La Canopée du groupe Rainbow santé accuse aujourd’hui 18 mois de retard. Daphné-Arnaud Charely, directeur de la clinique, déplore cette situation :
« Depuis le début de sa construction en 2021, cette clinique a rencontré des difficultés avec la maîtrise d’œuvre. Aujourd’hui, bien que les locaux soient flambant neufs, nous n’avons toujours pas les autorisations nécessaires notamment de la commission sécurité pour accueillir des patients. »
Le chantier, abandonné par la société chargée des travaux, a pris du retard et de nombreux vices de construction sont à déplorer. Selon le directeur, les malfaçons concernent presque tous les aspects du bâtiment et certains salariés ont même dû mettre la main à la poche. « Beaucoup de réparations ont été faites à nos frais pour pouvoir avancer. », ajoute-t-il.
En attendant l’agrément de sécurité, l’activité est limitée aux consultations externes depuis octobre 2024. Cette situation ne génère pas suffisamment de revenus pour couvrir les coûts. « Il n’y a aucun équilibre financier, zéro ! La structure doit ouvrir ses portes au plus vite pour survivre. », précise Claudia Béhary Laul Sirder, directrice générale du groupe Rainbow Guyane.
La pression financière a poussé la direction à placer une vingtaine de salariés sur le total des 195 en chômage partiel. « La situation est tendue. Les salariés sont confrontés à un stress permanent, entre la menace du chômage partiel et la réorganisation nécessaire pour assurer les soins à domicile », témoigne Corinne Buzaré, présidente du Comité Social et Économique (CSE).
© E.Cornec / Radio Péyi
Pour pallier la fermeture de certaines unités, l’équipe médicale a mis en place des relais en soins à domicile. Cependant, l’HAD, l’Hospitalisation à domicile, est loin d’être la solution optimale, indique Daphné-Arnaud Charely :
« Nous avons dû transférer certains professionnels vers d’autres services pour éviter une rupture de soins, mais cela reste insuffisant pour répondre à tous les besoins. On a dû faire appel à des libéraux pour la prise en charge à domicile. Et on sait à quel point il est difficile d’avoir des libéraux. Les familles ressentent également les effets de cette réorganisation. »
La clinique de la Canopée ambitionne de répondre à des besoins cruciaux en Guyane, notamment avec des unités de soins palliatifs, des lits de réadaptation, de la radiologie, et des services psychiatriques, explique Corinne Buzaré, présidente du CSE :
« La fermeture du service de soins médicaux et de réadaptation pour enfants est un coup dur. Ces jeunes patients n’ont plus qu’un suivi réduit chez des professionnels libéraux, ce qui n’offre pas le même niveau de soin. »
Malgré les obstacles, l’équipe médicale reste déterminée à surmonter les défis pour ouvrir pleinement l’établissement. « Nous avons recruté des professionnels spécialisés, un atout rare pour la Guyane. Mais sans autorisation, nous sommes bloqués. », indique le directeur.