Un millier de personnes contre l'insécurité à Cayenne
Un millier de personnes a marché ce vendredi dans les rues de Cayenne pour dire "stop" à la violence et surtout réclamer des mesures concrètes. La marche, organisée par Trop Violans, avec de nombreux partenaires, a vu les familles de victimes des derniers braquages et homicides être au premier rang, aux côtés de la communauté chinoise, particulièrement mobilisée avec près de 200 membres présents. Les commerces chinois sont d'ailleurs tous fermés jusqu'à demain matin sur Cayenne, Saint-Laurent et Kourou. Les stations-services ont embrayé et fermé portes ce soir en Guyane, de 17h à 19 heures et donc pour la quasi totalité, ne rouvriront que demain. Les commerçants du centre-ville de Cayenne aussi ont fermé leurs portes dans la très grande majorirté des cas.
La parole aux familles des victimes
Joseph Ho Ten You était présent ainsi que Cho Shu Ho, le président de l'association Fa Kiao : "On a très peur. Depuis quelques années, nous avons dit de ne pas résister et de laisser la caisse lors de tels actes mais malgré tout il y a encore des drames." Et de dénoncer "la recrudescence de ces derniers jours" et le fait qu'il s'agissent de "jeunes de plus en plus jeunes".
Joseph Tien Long, par ailleurs vice-président de la CCI (Chambre de commerce et d'industrie) a aidé à coordonner les efforts des uns et des autres, et des familles à venir, avec des tshirts aux effigies de leurs proches tués au cours de ces violences.
Jasmine Rameau s'est exrimée : "j'ai perdu mon père et je croyais que j'étais seule. En fait, de vous voir ici ça m'émeut. Ils ont volé mon père." Et de demander "arrêtez de tuer mes frères, mes oncles, mes cousins ! Arrêtez ! (...) On doit se battre pour vivre et rester fidèle. (...) On ne se connaît pas mais on devrait tous s'aimer".
Hicha Ramkaran, nièce d'Andy Ramkaran a elle aussi pris la parole. Emue aux larmes aussi, la jeune femme a laissé transparaître sa colère s'en prenant à la gendarmerie.
Les élus derrière Yvane Goua
Cette marche revêtait un caractère politique majeur. De nombreux élus étaient présents aux côtés d'Yvane Goua, la porte-parole de Trop Violans, finaliste des dernières législatives sur la 1ere circoncription et derrière elle à la sortie de leur rencontre avec le préfet Thierry Queffelec. Parmi eux, la maire de Saint-Laurent du Maroni Sophie Charles et son 3e adjoint Manuel Jean-Baptiste, le maire de Matoury, Serge Smock, le maire de Grand-Santi Félix Dada (1er vice-président de l'AMG), la maire de Cayenne Sandra Trochimara (2e vice-présidente de l'AMG) et son 1er adjoint Christian Faubert, le maire de Montsinéry-Tonnegrandre Patrick Lecante et son 5e adjoint Jean-Yves Tarcy (également représentant du Graje et de la chambre d'agriculture), Gilles Adelson, maire de Macouria, Nicolas Salpétrier, le 6e adjoint aux finances d'Iracoubo et un certains nombre d'élus et même adjoints de plusieurs communes (Roura, Awala-Yalimapo, Apatou, Mana...) qui étaient présents mais sont restés au dehors devant la préfecture aux côtés d'Olivier Goudet pendant la réunion.
Parmi les figures politiques, le député Davy Rimane, Jean-Philippe Dolor, ancien candidat aux législatives sur la seconde circonscription et leader du mouvement Guyane Positive ou encore les élus territoriaux avec Gabriel Serville, le président, Manu Prince, vice-président en charge de la culture, Jean-Luk Le West, vice-président en charge de l'économie et du tourisme, Sherly Alcin, Isabelle Vernet, Christian Noko ou encore Serge Lang Him-Nam... Pour Gabriel Serville, "l'objectif était de revenir aux fondamentaux et de troiver les solutions idouanes et où chaque partenaire va sortir de là avec un échéancier et des objectifs". Dans les rangs de l'opposition, le conseiller territorial Boris Chong-Sit était aussi présent et a défilé, comme plusieurs autres avocats qui ont rejoint le cortège.
La présidente de la CCIG (Chambre de commerce et d'industrie) Carine Sinaï-Bossou était présente et a largement contribué à permettre à chacune des parties présentes de défiler ensemble. Parmi les grands absents, le député de la 1ere circonscription Jean-Victor Castor, comme l'ensemble des cadres de son parti, le MDES, qui n'ont donc pas défilé dans une manifestation organisée par Trop Violans. Le MDES a pour sa part envoyé un communiqué ce samedi 3 septembre aux médias appelant à "retrouver l'esprit de 2017". Rodolphe Alexandre aussi faisait partie des absents. Le leader du groupe d'opposition à la CTG avait lui aussi envoyé un communiqué de presse, hier, pour demander un "congrès exceptionnel" sur cette question de l'insécurité au président de la CTG Gabriel Serville.
Réponse écrite attendue mercredi au plus tard
Une rencontre pour quels résultats ? C'est la porte-parole de Trop Violans, Yvane Goua qui a fait la synthèse à la sortie de l'entrevue avec le préfet Thierry Queffelec : "Merci tout d'abord. Je remercie aussi les élus, parce qu'on y a été ensemble et on a porté ces revandications. Concernant ce cachier, une réponse minutieuse y sera apportée au plus tard mercredi. Ce cahier reprend pour beaucoup, des revendications de 2017, du pôle justice dont Olivier Goudet était référent. Il a été confirmé l'arrivée d'un escadron de gendarmerie, avec 4 pelotons. Il sera entièrement dédiée à la délinquance (et pas à nous). Mais derrière, ce qu'on attend, c'est la réponse, de l'analyser et ensuite de revenir vers eux si jamais. Les maires, et Madame le maire de Saint-Laurent a entièrement raison, d'avoir souligné la problématique du contrôle des frontières. le président des maires a demandé l'arrivée du ministre de l'intérieur. Enfin, nous avons eu une réponse sur les réservistes. Et pour le monde économique, une réunion dédiée sera organisée lundi avec la question des moyens pour se sécuriser. Enfin, une réunion va se tenir le 14 septembre entre le pôle justice élargi et les élus, ce qui nous permettra d'avoir un regard élargi sur les réponses du préfet et d'en discuter ensemble."
LES CHIFFRES DE L'INSECURITE
Homicides
2022 (jusqu'au 31 août) : 30
2021 : 31
2020 : 42
A noter :
- 22 homicides en zone gendarmerie et 8 en zone police (Cayenne)
- 17 ont été classés comme liés à la criminalité et 13 homicides dans le cercle intra-familial
- Pour la zone gendarmerie : 5 ont eu lieu en forêt et 17 hors forêt
- On constate que 60 % des homicides sont liés à la criminalité et 40 % dans le cercle intra-familial. Inversion de la tendance, la criminalité baisse tandis que les VIF augmentent.
- Ce sont près de 660 policiers et 1380 gendarmes (680 départementaux, 450 mobiles, 250 réservistes) qui sont déployés sur l'ensemble de la Guyane.
- Des contrôles renforcés sont mis en œuvre et le redéploiement de 2 pelotons de gendarmeries, affectés habituellement à la lutte contre l’orpaillage illégal, a été réalisé.
- Actuellement 54,6 % des agressions physiques, sont élucidés.
- En 2021, les gardes à vue ont augmenté de 30 % et 80 % sont déférées au Parquet.
- 460 dossiers à l'instruction avec environ 160 qui sont traités par an
- 912 écrous en Guyane (chiffres juin) dont 828 détenus à la maison d'arrêt de Rémire-Montjoly et 82 sous bracelet électronique
- 244 prisonniers en détention provisoire (chiffres juin) en attente de jugement
- 45 % des détenus à la maison d'arrêt de Rémire-Montjoly sont des étrangers (chiffres juin)
EN VIDEOS
La marche, du départ jusqu'à l'entrée en réunion en préfecture
La sortie de réunion en préfecture
REVENDICATIONS POUR LUTTER CONTRE L'INSECURITE
A (De 2017 à 2022)
Fournir un état des lieux (Chiffres) de la délinquance et des homicides 2 fois par an.
B. Mise en place de mesures spécifiques au climat d'insécurité accru en Guyane
1) Retour de l'escadron de gendarmerie mobile supplémentaire, obtenu en 2017.
2) Orienter le travail des effectifs de police et de gendarmerie en fonction des spécificités
locales en matière de délinquance.
- Donner la priorité à la lutte contre les squats, les trafics de drogue, et les rassemblements
de délinquants empêchant les honnêtes gens de circuler sur la voie publique et devant les
commerces chinois notamment.
Plus de patrouille, plus de fouilles, la destruction systématique de toutes les nouvelles
constructions de squats.
3) Favoriser le retour en Guyane des policiers guyanais exerçant à l'extérieur, et souhaitant
revenir travailler chez eux.
4) Continuer la coordination entre les services de police nationale, de police municipale, de
gendarmerie et de Justice (surtout entre les effectifs sur le terrain), avec une continuit
d'action entre police nationale et gendarmerie nationale, et un
travail plus étroit avec les
polices municipales.
5) Créer une véritable politique de lutte contre le trafic d'armes à feu, de drogues, la pèche
et l'orpaillage illégale, et le développement des gangs.
6) Mettre en place des sanctions pénales à la hauteur des crimes et délits réalisés (Mules,
braquages, meurtres).
7) Faciliter les dépôts de plainte avec une ouverture des bureaux le plus large possible
8) Une surveillance 24H/24H, Contrôles d'individus sur le fleuve Maroni (Saint laurent el
autres communes), et à L'OYAPOCK (Saint-georges et autres communes),
9) Barrages volants (Ouest - Est), et contrôles de véhicules et de personnes, en cas de bescin
10) Utiliser le scanner à onde millimétrique de façon optimale et régulière
11) Élaborer une politique de suivi des personnes aidées socialement ou victimes.
12) Livrer un tribunal et centre pénitencier (300 places) dans /'Ouest (& Saint lauren')
Et la cité judicaire de Cayenne
13) Construire un commissariat à saint Laurent et Kourou.
14) Réouverture des débats et négociations avec les autorités des pays volsins en rue dure
meilleure coopération policière et d'un accord pour renforcer l'extradition des delinquants
Création d'un centre de coopération policier et douanier à Saint-laurent du Maroni
Une convention avec le Suriname et une autres avec le Brésil a été ratifié par la france nas
mois à partir de janvier
pas par les pays concernés.
15) Réunion de suivi, dans 1 mois (Octobre 2022), puis tous les 3.
2023, afin de faire le point sur les avancées.
Marche du 2 septembre 2022, TROP VIOLANS et ses partenaires, document remis au pret de spas