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Lutter contre l'échec scolaire en Outre-mer en remettant les langues régionales à leur juste place

Frédéric Maillot s'attaque à l'enseignement des langues régionales à travers une proposition de loi qui sera présentée à l’Assemblée nationale. Le député Réunionnais souhaite faire intégrer les langues régionales ultramarines au tronc commun de l'Education Nationale en maternelle et en primaire.

  • Par: adminradio
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Un combat qui vient directement toucher un point contesté de la Constitution française

Ce projet de loi permettrait, selon le député Frédéric Maillot de mettre les élèves ultramarins sur un pied d'égalité linguistique et culturelle avec leurs camarades hexagonaux et de lutter contre le décrochage de celles et ceux dont le français n'est pas la langue maternelle. Mais cette proposition de loi touchera le deuxième article de la Constitution indique que la langue de la République est le français :

« La France, et certains députés ont parfois eu dans le passé, une pensée très jacobiniste, de dire qu'il y a une seule langue, le français. Mais la France, c 'est l 'assemblement de plusieurs cultures. Et si la France ne veut pas le reconnaître, au plus haut, on a l'Europe qui ne reconnaît pas des populations, mais des peuples. Et qui dit peuples, dit culture, qui dit culture, dit langue. Il y a donc une revendication aussi culturelle et identitaire aussi pour dire qu’on existe à travers nos langues, et on serait peinés de faire l 'économie de ce bel outil pour la réussite scolaire de nos enfants ».

Révélé le véritable talent des enfants 

L’apprentissage avec comme seule langue la langue française représente un frein pour le parlementaire. Selon lui, les capacités des élèves ultramarins ne sont pas exploitées au maximum compte-tenu de sa réalité culturelle contrairement aux enfants hexagonaux :

« On se base seulement sur des références hexagonales pour l'enseignement. Alors l’élève Réunionnais, Guyanais, Martiniquais ou Guadeloupéen, il est un peu mis en retrait parce qu’on lui enseigne une référence qui n 'est pas la sienne. Si on part de sa réalité régionale, on pourrait déjà emmener l 'enfant à s 'exprimer, à être plus sûr de lui, donc laisser place à sa spontanéité et ne pas le plonger dans un mutisme qui peut être fatal ».

Pour la mise en œuvre de la loi, des habilitations seraient nécessaires pour enseigner les langues régionales. Une manière pour Frédéric Maillot de lancer un appel au retour des enseignants originaires de ces territoires : 

« Forcément, c 'est aussi une façon de dire que nous voulons que la matière grise, que nos professeurs des écoles et que les fonctionnaires d 'État reviennent chez nous, enseigner à nos enfants. Qui mieux qu 'un Guyanais pour enseigner les langues régionales de Guyane. Les professeurs hexagonaux qui viendraient chez nous enseigner, je leur dis juste une chose : autant de langues que vous parlerez, c’est autant de vie que vous vivrez. Ça sera aussi une façon de ne pas vivre à côté de nous mais avec nous ».  

Le député Réunionnais a reçu le soutien des députés de son groupe dont le Guyanais, Jean -Victor Castor, qui travaillera fortement pour que ce texte soit retenu dans la niche GDR, qui sera présenté cette semaine.

Les langues régionales, un enseignement facultatif

En 2021, la loi Molac généralise l’enseignement des langues régionales comme matière facultative. Le caractère « optionnel » l’est pour les élèves mais aussi pour les établissements. Rien n’oblige un directeur d’école à proposer un enseignement en langue régionale.

En Guyane, le territoire compte plusieurs langues régionales mais seul le créole est reconnu comme une langue régionale au sens académique du terme. Ce qui permet son enseignement en option dans le secondaire.

Mais il existe aussi un dispositif pour les langues maternelles depuis 1998. Des « médiateurs bilingues et culturels » interviennent dans les classes dans 11 langues de Guyane. Didier Maurel, inspecteur de l’Éducation nationale chargé des langues maternelles dans l’Académie de la Guyane précise à nos confrères d’Outremers 360 que ce dispositif existe dans 37 écoles du pays (sur 180). Depuis 2016, les classes bilingues permettent aux élèves de maternelle et d’élémentaire de bénéficier d’un enseignement paritaire (12h en langue maternelle et 12h en français). 85 classes de ce type existent à travers le pays et profitent à 1500 enfants. « L’année prochaine, nous serons à 112 classes. Nous souhaitons que 10 % de la population scolaire puisse bénéficier de ce dispositif », ajoute Didier Maurel.