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Les élus votent contre l'installation du restaurant Chéri à l'Anse Châton. Gabriel Serville va immédiatement demander au chef de "quitter les lieux"

Coup de semonce ce vendredi lors de la commission permanente qui s'est réunie cet après-midi à la CTG... Les élus ont voté contre l'installation du restaurant "Chéri", dans une maison créole située à l'Anse Châton à Cayenne. Le restaurant avait remporté une AMI au mois de mai et son patron, le chef Alain Eoche, avait déjà réalisé l'ensemble des travaux de restauration de cette maison, qui, il y a moins d'un an, était squattée et tombait en ruine. Le président de la CTG Gabriel Serville, mis en minorité sur ce vote, a pris acte et "va envoyer un courrier pour demander immédiatement à Alain Eoche de quitter les lieux".

  • Par: samirmathieu
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Les élus de la CTG ont voté contre la délibération qui devait mettre à disposition une maison créole appartenant à la Collectivité, au profit du restaurant "Chéri" du chef Alain Eoche. La délibération a été rejetée par 18 voix contre 16, plusieurs élus de la majorité ayant voté contre (Aïssatou Chambaud (+ la procuration de Jean-Paul Fereira), Muriel Briquet, Jessi Américain et Karine Cresson-Ibris (+ la procuration de Samantha Cyriaque), alors deux élus de la majorité n'ont pas pris part au vote et que les élus d'opposition ont également voté contre. Ne restaient plus que 13 élus qui ont voté pour dont le président Gabriel Serville, qui se retrouve ainsi mis en minorité sur une délibération qui était devenue si polémique qu'exceptionnellement et pour la première fois de la mandature, la commission permanente, en principe fermée au public, était retransmise en direct sur internet. Gabriel Serville a annoncé à l'issue de la commission qu'il allait écrire immédiatement au chef pour lui demander de quitter les lieux. Alain Eoche avait été sélectionné en mai au terme d'une AMI pour occuper une maison créole, qui à l'époque était squattée, avait été pillée, et qui était dans un état de délabrement avancé. Depuis, le patron du restaurant "Chéri" a effectué de nombreux travaux de réhabilitation et la polémique est montée crescendo ces dernières semaines car "certains se sont émus de voir les travaux réalisés sans permis de construire". Alain Eoche a notamment repeint la bâtisse et coupé des arbres, donnant une nouvelle vie à une magnifique maison créole qui était squattée et dans un piteux état. Mais il a construit une terrasse et changé partiellement l'allure de la façade, qui avant possédait un balcon, qui a disparu. Autant d'éléments qui ont froissé les services de l'urbanisme de la ville de Cayenne. D'autres professionnels du secteur s'étaient émus de ne pas avoir su qu'un tel projet avait été lancé par la CTG. Et des élus se sont également émus de ne pas avoir discutté de ce sujet, à l'instar de Muriel Briquet, élue de la majorité, qui a posté une vidéo dans ce sens il y a un mois de cela. Depuis, la tension était montée crescendo. Le chef restaurateur a vu ses deux chiens mourir "par empoisonnement" selon les publications qu'il a posté sur les réseaux sociaux. 

Contacté par la rédaction, Alain Eoche ne souhaite pas réagir.

 

 

La première réaction, celle du président de la CTG Gabriel Serville au micro Radio Péyi de Gilles Vernet, juste à l'issue de la commission permanente :

"La décision a été prise à la majorité de la commission permanente. Je vais adresser à Monsieur Alain Eoche un courrier pour lui demander immédiatement de quitter les lieux. Point final. Et moi je considère que, en l'occurence, on a du manquer du sens de la responsabilité, étant entendu que je dis souvent qu'être responsable c'est faire des choix et c'est surtout après, être capable d'assumer les conséquences d'un choix que nous avons fait. J'ai pris la peine de dire que dans cette opération, si il y a un problème, c'est le fait que Monsieur Eoche est allé trop vite. Il est allé trop vite en besogne alors qu'on lui avait fait une ou deux injonctions pour lui demander d'arrêter. Mais j'ai aussi expliqué qu'il rest chef d'entrerpsie, qu'il a des salariés qui sont au chômage technique et qu'il a voulu aller vite pour pouvoir reprendre l'activité, le plus rapidement possible avant même que nous n'ayons pris la délibération. J'ai aussi rappelé que ce projet avait été introduit en commission permanente et que je l'avais retiré de l'analyse parce que j'avais vu qu'il y avait quelques éléments qui ne convenaient pas. Il fallait prendre le temps d'actualiser la situation. C'est ce que nous avons fait."

Le groupe d'opposition "Unis et engagés" a publié un communiqué ce vendredi soir :

Suite à l’examen ce jour en Commission permanente du rapport CP-2022-326-1 relatif à la mise en location d’une maison créole propriété de la CTG située anse Chaton (58 avenue Pasteur) à un restaurateur privé, le groupe Unis et Engagés pour notre Territoire :
- Dénonce l’opacité de ce dossier et notamment le refus assumé du Président Serville de fournir aux Conseillers territoriaux un certain nombre de documents indispensables à sa bonne compréhension ;
- Dénonce les nombreuses irrégularités ayant manifestement entaché ce dossier ;
- Dénonce en particulier l’absence totale de légitimité du prétendu jury qui a départagé les 2 seules candidatures reçues suite à la diffusion (confidentielle) de l’AMI, ce « jury » n’ayant pas eu mandat de l’Assemblée de Guyane pour ce faire ;
- S’étonne par ailleurs de l’écart technique et qualitatif entre les deux dossiers ayant fait l’objet d’un arbitrage au sein de cette « commission », le meilleur et plus complet ayant étonnamment été écarté au profit de celui retenu ;
- Dénonce également l’irrégularité de la notification, signée d’un simple collaborateur du Président (en l’occurrence, M. Olivier Taoumi), stipulant au porteur de projet que le site lui a été « attribué […] pour y créer un restaurant » alors que seule l’Assemblée de Guyane (ou à défaut, la Commission permanente) est compétente pour autoriser le Président (et lui seul) à octroyer une telle autorisation ;
- Dénonce enfin que le porteur de projet ait pu effectuer l’ensemble des travaux de réhabilitation de la bâtisse au point de pouvoir programmer l’inauguration de son restaurant sans que jamais le Président Serville ne juge utile de convoquer l’Assemblée de Guyane, celui n’ayant consenti à instruire ce dossier (en Commission permanente et non en Assemblée plénière, comme cela aurait dû se faire) que sous la pression populaire et médiatique.

En conséquence, le groupe Unis et Engagés se réjouit que ce dossier ait été retoqué par la Commission permanente, et félicite tout particulièrement les élus de la majorité qui ont pris leurs responsabilités en votant contre, avec l’opposition.

Le groupe prévient le Président Serville qu’il se tiendra systématiquement face à lui à chaque fois qu’il essaiera de contourner la loi et les procédures, et fera tout ce qui est en son pouvoir pour éviter que de telles dérives ne se multiplient au cours de son mandat."

L'ancien président de la CTG Ropolphe Alexandre, leader du groupe d'opposition, a lui aussi réagit et partagé le communiqué commun, en l'introduisant par ces mots :

"Une nouvelle forfaiture d’un président engoncé dans ses manigances. Le Groupe politique Unis et Engagés a pris ses responsabilités à côté des conseillers de la majorité, qui ont voté en conscience !"

Parmi les réactions, celle de Muriel Briquet, élue de la majorité, qui avait la première à dénoncer cette attribution à travers une vidéo où elle interrogeait sur un "scandale politique" : 

"Nous avons invalidé la mise à disposition du bien. Je n'ai pas de problème avec les restaurateurs. J'en ai discuté avec Monsieur Roldan (président du syndicat Umih en Guyane). La question ce n'est pas ça. La question c'est le respect des règles et que ne soit pas baffoué notre rôle d'élu. La deuxième chose c'est une question politique. Qu'est-ce qui justifie qu'on utilise des biens publics pour qu'on les mette à disposition d'acteurs économiques. Moi je n'ai aucun problème à voter contre, même toute seule. Pour être claire, je ne suis pas seule à avoir décidé. Et nous l'avons fait en toute conscience. C'est au président de prendre ses responsabilités."