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Drame du Maroni : « oubli » des médias et grand silence des responsables politiques nationaux

Après la tragédie qui a coûté la vie à sept personnes sur le fleuve Maroni, le député Davy Rimane exprime sa colère face à l’indifférence des grands médias et le mutisme des autorités nationales. Pour l’élu guyanais, ce drame révèle une fracture persistante entre la France hexagonale et ses territoires d’Outre-mer. Retour sur cette nette inégalité de traitement une semaine après le drame.

  • Par: adminradio
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Dimanche 1er juin 2025, une pirogue transportant quinze membres de la communauté amérindienne Kali’na a chaviré sur le fleuve Maroni, à la frontière entre la Guyane et le Suriname. Sept personnes ont perdu la vie, toutes originaires du village Paddock, à Saint-Laurent du Maroni. Malgré l’ampleur du drame, aucun grand média national n’y a consacré la moindre « Une » ou reportage dans les jours qui ont suivi. Alors que les victimes sont pleurés en silence au bord du Maroni, le silence radio dans l’Hexagone met en lumière que toutes les vies françaises ne sont pas regardées de la même manière.

« Ce sont des Français, ce sont des Amérindiens, ce sont nos enfants », déclare Davy Rimane, profondément choqué par cette invisibilisation.

Pas de reportage au 20h. Pas de bandeau rouge sur les chaines info en continu. Pas même un soupir d’indignation sur les plateaux. Pendant ce temps, France 2 ouvre son JT lundi 2 juin sur un meurtre dans le Var, puis le mardi sur la guerre à Gaza. Le mercredi, le bilan est définitif après 48h de recherche : 7 morts et le 20h de France 2 mise sur la qualification de la française Loïs Boisson à Roland Garros sans jamais mentionner le naufrage survenu sur le territoire français d’Amérique du Sud.

Une tragédie ignorée et des victimes réduites à des clichés

Au-delà du silence, c’est la manière dont certains médias ont traité l’affaire qui suscite l’indignation. Certains articles évoquent rapidement un « convoi de migrants », un « pilote ivre » ou des « trafics ».

« Ce drame a plongé la Guyane dans le deuil. Mais pendant que la Guyane pleure, le journalisme paresseux préfère le cliché à la vérité », fustige Davy Rimane.

Le député insiste : il ne s’agissait pas de migrants clandestins, mais de familles françaises revenant d’un village de l’autre côté du fleuve, selon une pratique ancestrale. Le fleuve Maroni, frontière avec le Suriname, est aussi un espace de vie et de circulation quotidienne pour les communautés riveraines.

Une fracture révélée entre la France et ses Outre-mer : un tel drame dans la Seine ou dans le Rhône aurait-il eu aussi peu d’écho ? 7 morts : pas assez grave ?

Ce drame, à travers le silence médiatique et politique, met une nouvelle fois en lumière la fracture symbolique et institutionnelle entre l’Hexagone et ses territoires ultramarins. « Votre ignorance est une honte. Votre mépris est une violence. », fustige le parlementaire.

Pour l’élu, ce naufrage et la manière dont il est perçu dans l’opinion publique illustrent le manque persistant de reconnaissance des réalités ultramarines, notamment celles des peuples autochtones.

Le président de la République muet et réaction tardive de membres du gouvernement

Autre source de colère : l’absence de réaction immédiate du gouvernement. Pas un mot du Président de la République. Et Les ministres ? Manuel Valls, ministre des Outre-Mer et Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, ont fini par exprimer quelque chose mais deux ou trois jours plus tard sur leurs réseaux sociaux.

Un appel à la dignité et à l’égalité

Face à ce drame, la population de Saint-Laurent du Maroni, et plus largement de toute la Guyane, est en deuil, mais elle attend également égalité, reconnaissance et respect. Pour Davy Rimane, il ne s’agit pas seulement de dénoncer un oubli : il appelle à changer de regard, à reconnaître pleinement les citoyens ultramarins dans leur dignité et leur humanité.

« Ces familles ne sont pas des migrants. Ce sont vos concitoyens. Et face à l’ignorance, nous répondrons avec dignité, mais sans silence. », conclut Davy Rimane