Députés ultramarins vent debout contre la proposition de Wauquiez d’"enfermer" des OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon

Le patron des députés Les Républicains, Laurent Wauquiez, a suscité une vive polémique mardi en proposant que les étrangers sous obligation de quitter le territoire (OQTF) et considérés comme dangereux soient envoyés dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon, un territoire français situé hors de l’espace Schengen.
« Je propose que les étrangers dangereux sous OQTF soient enfermés dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon, hors de l'Hexagone », a-t-il déclaré dans un entretien au JDNews. « Ils auraient une seule alternative : soit partir à Saint-Pierre-et-Miquelon, soit rentrer chez eux », a-t-il ajouté, soulignant que ce territoire est situé à 4 000 kilomètres de l’Hexagone et que ses conditions climatiques "inciteront à réfléchir".
Wauquiez insiste sur le caractère dissuasif de l’archipel d’Amérique du Nord, citant une température annuelle moyenne de 5 degrés, 146 jours de pluie ou de neige, et une isolation qui bloquerait tout retour vers l’Hexagone. Il propose également un allongement de la durée de rétention en citant des exemples : « C’est 18 mois en Italie, illimité au Royaume-Uni. »,
Un tollé immédiat chez les ultramarins et dans la classe politique
La réaction politique ne s’est pas fait attendre, notamment chez les députés ultramarins.
Manuel Valls, ministre des Outre-Mers, a dénoncé une vision indigne :
« Saint-Pierre-et-Miquelon, c'est la France, pas une prison ou un centre de rétention. Aucun territoire français ne mérite d'être traité comme une zone de relégation. L'exil forcé, c'est une méthode de colon, pas d'élu de la République. »
Marine Le Pen, pourtant opposée à la politique migratoire actuelle, s’est jointe à la critique :
« La place des OQTF, c’est dans leur pays … sûrement pas dans un territoire français. Les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon ne sont pas des sous-citoyens. »
Des élus ultramarins indignés : "un mépris total de nos territoires"
Interpellé par nos confères de RCI, Stéphane Lenormand, député de l’archipel visé, s’est dit profondément :
« J'ai toujours en moi la colère. C’est méprisant et désobligeant pour notre territoire. Laisser penser que ce territoire est si terrible que les OQTF les plus dangereux préféreraient rentrer chez eux, c’est révélateur d’un mépris latent envers les Outre-Mer. On a un peu l'impression d'être considérés comme des sous-Français. »
Davy Rimane, député de Guyane et président de la délégation Outre-mer à l’Assemblée nationale voit dans cette proposition une instrumentalisation électoraliste :
« Après Retailleau qui craint l’effacement de notre civilisation, Wauquiez réinvente le bagne dans nos territoires d’Outre-Mer. Cette droite n’a plus rien de républicaine. Elle s’enferme dans une surenchère populiste, démagogique et méprisante pour les populations ultramarines. »
Olivier Serva, député de Guadeloupe, a lui aussi réagi et sans filtre :
« Wauquiez, c’est un con. Ces propos sont issus d'une dérive à la fois politique, d'une recherche d'exposition médiatique. C’est pathétique. Saint-Pierre-et-Miquelon, c’est la France. On ne peut pas sous prétexte de conquête politicienne vouloir lécher les bottes les plus sales des thèses racistes. »
Wauquiez assume une "proposition radicale"
Malgré la tempête, Laurent Wauquiez ne recule pas. « C’est une proposition dure, radicale, mais qui résout le problème en éloignant les OQTF dangereux de l’espace Schengen », a-t-il affirmé mercredi matin sur X.
Dans un long thread, il a détaillé les bénéfices qu’il voit dans sa proposition, appelant à un débat sérieux sur les moyens de traiter les refus d’obtempérer aux OQTF.