Brésil : un sommet des présidents des pays d' Amazonie sans Emmanuel Macron, ni élus de Guyane

Ce sommet permet de débattre des stratégies communes pour lutter contre la déforestation et promouvoir le développement durable dans cette vaste région qui abrite environ 10% de la biodiversité de la planète.

Le sommet, qui se poursuivra jusqu'à mercredi, rassemble des représentants des huit pays membres de l'Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA), créée en 1995 pour protéger la forêt tropicale.

Le président de gauche du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, reçoit ses homologues de la Bolivie, de la Colombie, du Guyana, du Pérou et du Venezuela, tandis que l'Equateur et le Suriname sont représentés par des ministres. Lors d’un discours officiel à Santarem, Luiz Inacio Lula Da Silva déclare : 

"Il faut préserver (l'Amazonie), non pas comme un sanctuaire, mais comme une source d'apprentissage pour les scientifiques du monde entier, afin de trouver des moyens de préserver (la forêt) tout en créant de la richesse, en permettant à ceux qui vivent ici de vivre dignement".

Un rendez-vous manqué et des élus Guyanais scandalisés

Une absence qui passe mal pour certains élus Guyanais quand on connaît les problématiques et les enjeux liés à la Guyane dont la forêt couvre près de 90% du territoire : orpaillage illégal, pollution au mercure et immigration...

Dans les colonnes de Libération, le président de la Collectivité territoriale de Guyane, Gabriel Serville, reste dubitatif face à cette situation : 

 «Je suis étonné de ne pas avoir été mis au courant par le ministère, ni associé à ce sommet. Dans les coulisses des pays d'Amazonie, il n'était pas très bien vu que ce soit le président Macron qui représente la France sans venir avec une délégation de la Guyane »

Davy Rimane, le député de la 2e circonscription de Guyane estime que cette situation est à l’image du gouvernement. « Nous ne sommes pas écoutés comme il le faudrait », alors que le territoire guyanais à toute sa place dans les débats menés selon lui.

« La parole de la France ne peut pas être crédible à l'international. Le gouvernement prône une politique environnementale mais ne s'intéresse pas à la situation de la Guyane. », s’indigne Jean-Victor Castor, le député de la 1ère circonscription de Guyane. 

Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de La France insoumise a critiqué l'absence du président : "Ce mépris est destructeur pour la France."

Pourquoi cette invitation déclinée par le président français ?

« L'ambassade représente la France et par conséquent l'intégralité des territoires français, dont la Guyane fait partie », a indiqué l'Elysée à Libération. Pourtant l’agenda du président ne semble pas très chargé. Le chef de l'Etat s’est rendu au Fort Brégançon pour un séjour de repos en famille où il suit tout de même la crise au Niger entre deux glaces et quelques balades. Autant dire que son agenda officiel est donc par définition vide. 

Rencontre entre Emmanuel Macron et Luiz Inacio Da Silva le 21 juin à Paris

Mais la contrariété pourrait venir du statut de la France lors de ce sommet. La France était conviée en tant qu'”Etat associé" et pas en tant qu'"Etat de l'Amazonie", et aurait difficilement pu participer au débat qui aurait méné à une stratégie commune de préservation de la forêt.

C’était pourtant, en partie, au sujet de l’Amazonie, que les relations entre l’ancien président Bolsonaro et Emmanuel Macron se sont dégradées. Alors que le Brésil refusait une aide financière proposée par le G7 pour lutter contre les incendies, le président Jair Bolsonaro avait invité son homologue Français sur Twitter  à « s'occuper de sa maison et de ses colonies », en référence au département de la Guyane, qui abrite une partie de la forêt amazonienne.

Depuis, les relations diplomatiques entre la France et le Brésil semblent s’améliorer avec le retour de Lula au pouvoir et leur déjeuner en marge du Sommet pour un nouveau pacte financier international organisé à Paris en juin dernier.