« 10 minutes pour convaincre » : l’essentiel des propos du candidat Davy Rimane
Le candidat Davy Rimane a répondu aux questions de la rédaction de Radio Péyi. Le candidat sans étiquette, soutenu par La France Insoumise et dont la suppléante est Marie-Françoise Naïsso , a été interrogé par Mathilde Romagnan ce 28 février dans l’émission « 10 minutes pour convaincre », diffusée du lundi au vendredi après le journal de 13h et rediffusée à 17h50 et 5h20.
Davy Rimane, candidat sans étiquette à l’élection législative partielle de la 2ème circonscription de Guyane, est âgé de 38 ans. Il est agent technique à EDF et secrétaire général de l’UTG éclairage. Il a été l’un des porte-paroles pour le collectif Pou Lagwiyann Dékolé pendant les mouvements sociaux de l’année dernière. Il s’était déjà présenté à l’élection législative en 2017. Il avait échoué au second tour avec 57 voix d’écart.
Pourquoi avoir choisi de vous représenter cette fois-ci ?
Les élections ont été invalidées par le Conseil constitutionnel, il était important pour nous de continuer le travail qui a été commencé. On se devait de se représenter par respect pour tous ceux qui ont voté pour nous au mois de juin.
Cette annulation du scrutin est-ce un avantage pour vous ?
Pas particulièrement, le plus important est que la justice soit rendue. Maintenant, on ne se dit pas si c’est avantageux ou pas. On repart au combat en repartant à zéro.
Qu’est-ce qu’un grand parti comme La France Insoumise peut vous apporter localement ?
Il pourra nous servir de relai à l’Assemblée nationale. Il y aura d’autres personnes pour porter la voix de la Guyane dans l’hémicycle, j’en suis garanti. Jean-Luc Mélenchon, en venant une semaine ici, pourra s’imprégner de la réalité de la Guyane. Il est venu avec d’autres parlementaires notamment le député européen de la circonscription des Outre-mer. Ils verront pourquoi, en mars-avril dernier, il y a eu ces mouvements sociaux. Je partage leurs valeurs en mettant l’humain au centre des débats pour l’avenir. J’aurai aussi mon indépendance sur ma prise de position dans le groupe et dans l’hémicycle par rapport aux différents projets de loi qui seront proposés. Et enfin, ils me garantissent du temps de parole à l’Assemblée nationale pour porter la voix des Guyanais et Guyanaises.
Est-ce que le soutien de La France Insoumise est compatible avec celui de Léon Bertrand, maire de Saint-Laurent du Maroni, ancien ministre de Jacques Chirac et aussi favorable à la Montagne d’or ?
Je rappelle que le discours de Léon Bertrand a radicalement changé. A l’époque où il était ministre et député, il était fidèle à son gouvernement. Aujourd’hui, il reconnait que ça n’a pas payé puisque la Guyane est toujours dans la même situation. Il dit maintenant qu’il faut changer de paradigme. Il est pour l’évolution positive des choses. Sa posture politique a changé. Concernant la Montagne d’or, il est pour, moi je suis contre. Ca fait partie des débats. Dans une famille, on peut être pour ou contre, j’ai donné mon avis, il a le sien. Le peuple doit choisir, c’est notre point d’accord.
Pourquoi vous êtes opposé à ce projet minier de la Montagne d’Or ?
Parce qu’il y a trop de questions qui restent sans réponse. On parle de la Montagne d’or aujourd’hui mais il y a derrière cinq autres demandes en attente à l’heure actuelle. Quelle vision on a du développement en Guyane ? Si on veut une industrie minière, il faut se demander comment on la conçoit ? Cette démarche est nécessaire et passe par la définition de notre cahier des charges. Il faut qu’on pose nos conditions. Elles peuvent être plus drastiques que la règlementation européenne. On doit se projeter. On a un territoire riche et un environnement sain. Si on veut une industrialisation minière ou pétrolière, on doit le faire dans un développement durable du territoire. On ne peut pas mettre uniquement l’emploi en avant car on parle d’impacts écologiques non négligeables. Je peux entendre l’argument de l’emploi. On doit créer de l’emploi mais pas à n’importe quel prix.
Quels sont les grands axes de votre programme ?
Un député n’a pas de programme. Nous votons des lois, nous travaillons dans des commissions parlementaires. Mais demain, en tant qu’élu, j’aurai une vision à partager avec les élus et la population. Trop souvent la classe politique se retrouve pour prendre des décisions alors que la population a aussi son mot à dire. C’est le peuple qui a le pouvoir démocratique et on doit faire avec la population. J’aimerai rendre certaines choses accessibles à la population qui, je le pense, retournera aux urnes.
Si vous êtes élus, quels seront vos priorités ?
Les accords de Guyane bien entendu ! Il y a un début de tout là-dedans. Le peuple s’est mobilisé et on doit se battre pour ça. Pour que ces accords soient respectés de façon pleine et entière. Il y aura évidemment d’autres lois qui vont arriver. On doit aussi veiller à l’application réelle de la loi Egalité réelle outre-mer qui n’est pas respectée par le président Emmanuel Macron. Il a mis en place les assises des Outre-mer donc il a remis aux calendes grecques l’application de la loi.
Vous étiez l’un des porte-paroles du collectif Pou Lagwiyann Dékolé, vous étiez dans une posture de contestation par rapport au pouvoir en place. Aujourd’hui, vous briguez ce pouvoir. Est-ce que ce n’est pas un peu contradictoire ?
Pas du tout. On a critiqué l’action ou l’inaction de certaines personnes. Qu’on le veuille ou non, on est dans un système où les décisions se prennent dans la sphère politique. Donc je vais là où les décisions se prennent. Je souhaite que la population aspire à mieux. C’est pour ça que je me bats.
Au sujet du débat sur l’absentéisme des députés, selon vous, la place du député est plutôt dans l’hémicycle ou sur le terrain ?
Il faut avoir une posture juste. Il doit être dans l’hémicycle pour voter les lois et participer aux commissions parlementaires. Mais il a aussi pour rôle de transmettre la parole du peuple. Il faut donc trouver un équilibre pour être dans l’hémicycle et sur le terrain. Le président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, veut sanctionner l’absentéisme uniquement pour les votes solennels. Ce qui veut dire, si on est absent pour les autres choses, ce n’est pas grave, vous pouvez être absent ! Je trouve ça ridicule pour ma part. On doit regarder dans la globalité le travail mené par le député.
Comment vous envisagez une éventuelle collaboration avec le député Gabriel Serville ?
J’ai son soutien pour cette élection. Nous travaillerons les dossiers ensemble. Il aura une voix à l’Assemblée. J’aurai la mienne. Je pense que nous saurons travailler de concert sur les sujets qui concernent la Guyane.
Vous défendez l’évolution statutaire de la Guyane ?
C’est indéniable ! On doit définir le projet Guyane, dans les plus brefs délais. Il en va de l’avenir de la Guyane et de ses enfants. Arrêtons les jeux politiques et mettons nous au travail.
Un dernier mot pour les électeurs de la 2nde circonscription ?
La première chose est d’aller voter. Je sais que c’est compliqué, ils ne croient plus en la politique. On veut créer un lien indéfectible avec le peuple. On aspire à autre chose. Ils doivent voter pour nous parce qu’on va travailler pour eux et avec eux. C’est notre priorité absolue. On s’inscrit pour appliquer les accords de Guyane et porter le projet Guyane.
Demain jeudi 29 février, Lénaïck Adam, le candidat de La République en Marche, sera l’invité de « 10 minutes pour convaincre » à 13h.