Les rhums d’Outre-mer couteront plus chers
Lors de l’examen du projet de budget 2019 de la Sécurité sociale, un amendement LREM a été voté le 16 octobre pour aligner la fiscalité des alcools en Outre-mer non soumis aux mêmes taxes que la métropole.
Lutte contre l’alcoolisme en Outre-mer
Quand on sait que la Réunion est le deuxième département de France après le Languedoc-Roussillon en matière de taux d’alcoolémie de sa population, l’objectif est de baisser l’alcoolisme chez les ultramarins.
Dix jours à peine après la première marche blanche contre l'alcool qui s'est tenue à Saint-Denis, organisée à l'initiative de la Fédération Régionale d'Addictologie de La Réunion avec le soutien de nombreux élus, l'Assemblée nationale a adopté un amendement proposé par le groupe majoritaire visant à aligner la fiscalité ultramarine sur celle de la métropole pour les alcools forts. Cette rentrée fiscale sera exclusivement fléchée vers un fond spécial pour la lutte contre les addictions et l’alcoolisme dans les Outre-mer.
« L’augmentation du prix des alcools ne va pas nécessairement faire baisser l’alcoolisme », selon Claire Chinon, addictologue, en comparant cette addiction à la cigarette. « Tout dépend du niveau d’addiction. Une personne alcoolique mettra le prix qu’il faut pour pallier le manque. Le travail doit être surtout mené sur les risques et les conséquences de la forte consommation d’alcool », précise-t-elle.
Le seul producteur Guyanais accueille cette taxation avec prudence
Pour Ernest Prévot, PDG des Rhums Saint-Maurice, une étude de l’Office du développement économique agricole d’Outre-mer (Odeadom) est en cours pour déterminer si le rhum est l’unique responsable de l’alcoolémie dans nos régions. « Quand on parle d’alcool, il n’y a pas que le rhum. Il y a la bière qui est en fort développement. Le whisky et la vodka ont beaucoup de succès. L’Odeadom est mandaté pour savoir qu’elle est la boisson qui occasionne l’alcoolisme dans les quatre régions », annonce-t-il.
Ernest et Ghislaine Prévot lors des 100 ans des rhums Prévot (Photo : A.BeharyLS)
Cependant, le rhum de Guyane a pu bénéficier depuis 2015 de la taxation à l’entrée des rhums antillais qui pratiquaient un véritable dumping sur le marché guyanais. Depuis, les rhums guyanais sont désormais majoritairement consommés sur le marché local. Et depuis cette année, la rhumerie Saint-Maurice bénéficie d’un quota à l’export doublé de 500 à 1000 hectolitre d’alcool pur.
Le prix du rhum plus élevé en rayon mais de manière progressive
Selon l'amendement LREM, « le montant de la cotisation de sécurité sociale sur les alcools est de 40 euros par hectolitre pour les tafias, rhums et spiritueux composés à base d'alcool de cru produits et consommés », contre « 577.90 euros par hectolitre d'alcool en métropole ». Un amendement similaire avait été déposé par la député réunionnaise Ericka Bareigts mais n'a pas été accepté. L’amendement proposé par Ericka Bareigts ne proposait pas une augmentation progressive de la taxe mais un taux élevé immédiat.
Cette augmentation va donc se répercuter sur le prix de la bouteille en vente mais de manière progressive. Cette augmentation sera étalée sur 10 ans afin de ne pas trop déséquilibrer le marché de la vente du rhum.