Auplata : les fournisseurs de l'opérateur minier des victimes collatérales de la fermeture de l'usine et des élus en colère
L’usine du groupe Auplata sur le site Dieu Merci doit arrêter ses activités du jour au lendemain. L'usine de cyanuration doit cesser rapidement son activité à la suite d’une décision du tribunal administratif de Cayenne rendue le 30 septembre 2021 qui constate la caducité de l'arrêté préfectoral d'autorisation d'exploitation de 2015. Justifiée par le non-respect du délai de la mise en exploitation initialement prévu de 3 ans, cette décision aura de lourdes conséquences en pertes économiques et sociales.
Les fournisseurs, des victimes collatérales
90 personnes travaillent pour la société Auplata Mining Group en Guyane. Cette fermeture engendre de lourdes conséquences pour ces employés qui pour certains y travaillent depuis une quinzaine d'années.
Mais ce sont aussi des conséquences économiques car plusieurs autres entreprises, qui livrent nourriture, carburant et machines en tous genres et qui - par ricochet - sont concernées par l'arrêt. Edward White gère la société WMP, l'un de ses plus gros clients, qui fournit des pièces et des engins à Auplata. Aujourd’hui, les commandes et livraisons sont gelées, dans son hangar du matériel lui reste sur les bras :
« J’en ai pour 150 000 euros de matériel mais je ne peux pas les livrer. Cette situation est inquiétante. Nous avions beaucoup de commandes. J’espère qu’on trouvera une solution ».
Une décision de justice qui a déclenché la colère de plusieurs élus
Ce fournisseur espère que la classe politique prendra fermement position dans cette affaire pour sauver les meubles. Le sénateur Georges Patient a décidé d'apporter son soutien au groupe minier Auplata Mining Group. Lors d’un déplacement sur le site cette semaine, il a annoncé avoir contacté le ministère des Outre-mer et le Gouvernement, afin d'obtenir un dénouement en faveur du groupe minier dans ce dossier.
Une décision critiquée également par le député Lénaïck Adam. « On a des écologistes qui combattent le peu de gens qui veulent investir légalement, c’est criminel », a déclaré le député sur l'antenne de Radio Péyi.
Véronique Jacaria, la maire de Saint-Elie déplore cette situation, qui selon elle, freine le développement de la commune et de la Guyane tout entière. « On nous a enlevé ce qui nous a permis de rayonner dans le territoire des Savanes. C’est grave et lourd de conséquences. On ne fait que reculer », regrette Véronique Jacaria. La ressource sera tout de même récupérée, assure-t-elle, mais par des garimpeiros et en dehors de tout cadre légal et de toute fiscalité :
« C’est s’éloigner aussi d’un potentiel fiscal. La nature a horreur du vide, si on nous l’enlève (l’usine Auplata), les garimpeiros prendront la place. Ce n’est pas ce que ma commune et la Guyane veulent comme modèle ».
Par voie de communiqué, le CCI Guyane apporte son soutien à la société Auplata mining group en demandant instamment au Préfet de « trouver la solution adéquate afin de permettre à cet opérateur économique et ses salariés de retrouver rapidement le chemin de leur activité économique ». Soutien également de la FEDOMG, la Fédération des opérateurs miniers de Guyane, « les entreprises guyanaises et leurs salariés ont le droit de travailler. La Guyane ne peut être mise sous cloche et sacrifiée sur l’autel de l’écologie radicale », a déclaré Carole Ostorero, la présidente de la FEDOMG.
Auplata n'a pas dit son dernier mot.
Le groupe compte déposer des recours. « Nous allons aller devant la Cour administrative d'appel de Bordeaux », explique Guillaume Leclerc, le directeur d'Auplata Mining group, à nos confrères de France-Guyane. Selon l’AFP, la société a d'ailleurs réactivé sa cotation en Bourse quelques jours après l'avoir suspendue, le temps de rassurer les investisseurs. D'autant plus que les équipes d'Auplata étudient un filon d'or « de calibre très sérieux », découvert récemment mais pas encore exploité, selon Guillaume Leclerc.