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Emeutes et blocage du port: la Martinique proteste contre la vie chère

Le débat de la différence de prix à la consommation entre l'Hexagone et les départements d'outre-mer ne date pas d'hier. Depuis dimanche, la Martinique s'est à nouveau saisie du sujet, et la colère monte.

  • Par: adminradio
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Le Grand port maritime de la Martinique est bloqué 

Depuis le dimanche 1er septembre, des manifestations sont organisées pour protester contre la vie chère sur l’île. Massivement relayées sur les réseaux sociaux, les appels à la mobilisation, vidéo à l'appui, ont trouvé écho auprès d’un bon nombre d’Antillais, à commencer par le chanteur Kalash.

En solidarité au mouvement, les dockers ont décidé de bloquer les accès au port. Seuls les conteneurs sont déchargés, mais les camions censés les transporter ne sont pas autorisés à effectuer les rotations. Pour rappel, les travailleurs du port mobilisés avaient précisé qu’aucun véhicule ne sortirait et qu’ils ne reprendront le travail qu’après deux conditions : la libération de Rodrigue Petitot, le président du RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes) et l'ouverture de négociations immédiates sur la baisse des prix.

Si Rodrigue Petitot a été libéré, en ce qui concerne la négociation des prix, à ce jour, peu d’avancées. L’activité fortement ralentie du Grand Port pourrait  poser problème dans les prochains jours si la situation devait perdurer, prévient Philippe Jock, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Martinique qui propose des pistes de solutions :

« La voie royale ce serait celle de la continuité territoriale au terme de laquelle l'État prendrait en charge à la fois le fret et la perte de recettes d'octroi de mer. Vous y croyez? Je n’y crois pas, pour une raison très simple, c'est qu’aujourd’hui, si on parle de l'ensemble des produits, c 'est un coût qui est exorbitant quand on connaît l'état des finances publiques françaises.

En revanche, s’il s’agissait de prendre en charge le coût des produits de première nécessité, on s'assurait d'une enveloppe entre 30 et 50 millions qui, elle est supportable et qui pourrait faire l’objet d'ajustement entre des sommes déjà affectées à la Martinique compte tenu de l'importance de ce problème pour les Martiniquais.

Ça, ce serait la première voie, la voie royale. La deuxième voie, c'est peut-être de revoir les taux d’octroi de mer sur les produits de première nécessité, tout en garantissant aux collectivités le maintien des ressources. Mais personne n'est d'accord justement sur cette révision. Si vous augmentez le taux d’octroie de mer sur les véhicules de luxe de deux points ou deux trois points, vous en vendrez toujours autant. Il n'y a pas besoin du gouvernement pour ça. Les taux sont fixés localement. Donc on peut très bien, si les acteurs économiques, acteurs sociaux, acteurs politiques locaux se mettent d 'accord, on peut très bien arriver à ce que peut appeler techniquement la péréquation des taux pour faire en sorte que les recettes des collectivités soient maintenues. (Propos recueillis par notre partenaire RCI)

Une question épineuse qui agite le débat public depuis plusieurs décennies, et qui se retrouve une nouvelle fois sur le devant de la scène, tandis qu’en marge de ces interrogations, la violence urbaine fait, elle aussi, la une de l’actualité.

Des échauffourées entre pilleurs et policiers à Fort-de-France

Le quartier de Sainte-Thérèse a de nouveau été la cible d’actes de violence dans la nuit, en marge de l'appel à la mobilisation contre la vie chère en Martinique. Durant la nuit, trois véhicules et mobiliers urbains ont été incendiés, des poubelles déversées sur la chaussée, et des palettes placées en travers des routes. Plusieurs affrontements ont également opposé les émeutiers aux forces de l’ordre. Les policiers ont été pris pour cible à trois reprises, dont deux fois avec des tirs à balles réelles, selon la préfecture de Martinique. 

Pour Louisy Berté, du syndicat Alliance Police Nationale, c'est un sentiment de colère qui prédomine. Il était au micro de Florin Hossu de RCI Martinique :

Je suis en colère parce qu'on m’avait promis une manifestation pacifique. On m’avait promis tout sauf la violence. Depuis le début de la chose, je constate que c’est parti en violence et compagnie. Donc je m’insurge contre ça. Plusieurs patrouilles de police qui se retrouvent sur Sainte-Thérèse en train de sécuriser le site et regarder les feux que les gens ont mis, (pour voir) si ça n'était pas dans les habitations pour ne pas tuer les gens, brûler leurs bien etc. Et voilà-t-il pas qu'on se fait sniper, on se fait tirer dessus, donc impacter les véhicules de police et impacter quatre fonctionnaires de police qui sont remplis de plomb dans leur cour à l'heure actuelle. Et puis on vient me dire que c'est des mouvements pacifiques. Alors là où je suis en colère, si on fait un mouvement pacifique, il n'y a pas de blocage. Pacifique, ça veut dire dialogue. Et là, il n'y avait pas ça. On a bloqué les rues. Donc on a incité les personnes à venir faire la violence.

De son côté, le préfet de la Martinique Jean-Christophe Bouvier condamne « ces actes avec fermeté, et confirme sa détermination à assurer la sécurité des Martiniquais ». Sur la question de la vie chère, il indique aussi, dans un communiqué que « la défense du pouvoir d’achat de la population mérite mieux que la violence et les troubles à l’ordre public causés par quelques délinquants ».

A noter qu'une manifestation s'est également tenue devant le Carrefour Destreland en Guadeloupe dimanche matin.