themes/default/item_post.html.twig

Zoo humain : une association rend hommage aux Kali'nas exhibés au XIXème siècle en France

Corinne Devilliers se bat pour que la jeunesse continue à faire vivre la mémoire de ses aïeux. Pour cela, elle a créé l’association « Moliko Alet + Po » du nom de son ancêtre Kali’na qui a été exposé dans des « zoos humains » au XIXe siècle. Un récit que raconte sa descendante.

  • Par: abehary
  • Date:

L’association Moliko Alet + Po, qui signifie les « descendants de Moliko », a été créée en novembre 2021, à Séné dans le Morbihan où vit sa fondatrice Corinne Devilliers. Moliko est le nom d’une de ces femmes partie, très jeune, pour être exposée en « métropole ». Corinne Devilliers est l’une de ses descendantes et avec une dizaine d’autres personnes, elle a décidé de mettre en lumière ce sujet, longtemps resté tabou en Guyane. A savoir ces Kali’na exhibés lors des expositions coloniales françaises de la fin du XIXème siècle.

 

En mars 1892, Moliko est partie avec une trentaine de Kali’nas de Paramaribo au Suriname pour arriver à Saint-Nazaire en France puis ont été transférés au Jardin d’acclimatation. Corinne Devilliers, sa petite-fille, se souvient de quelques témoignages de sa grand-mère :

 

« A son retour en Guyane, Moliko se rappela qu’elle avait pris un bateau. Pendant la traversée de l’Atlantique, elle se souvient qu’elle était dans son hamac et qu’en arrivant à Paris, qu’elle avait très froid » 

 

(Corinne Devilliers, fondatrice de l'association Moliko Alet + Po. Photo : Télégramme) 

 

Avec d’autres témoignages, l’association parvient, tout de même, à synthétiser cette part sombre de l’histoire de France durant laquelle des populations issues des colonies se sont retrouvées derrières des verrières à moitié nues et exhibées devant des millions de visiteurs.  Plusieurs années de recherches ont été nécessaires pour que sa descendante, Corinne Devilliers, parvienne à retracer le parcours de son aïeule. Un passé familial qui a troublé cette femme en quête de vérités :

 

« Je ne vous cache pas que ça fait quelque chose. Je suis restée bouche bée devant la première émission consacrée aux expositions coloniales sur Arte. C’est à ce moment, à 40 ans, que j’ai compris qu’il s’agit de mon aïeule. Durant mes recherches, j’ai vécu de fortes émotions : mi-colère, mi-incompréhension. Difficile de croire, qu’entre êtres humains, on est pu faire de telles horreurs ».

 

Faire revivre la mémoire de ses ancêtres

A l’occasion du 130ème anniversaire de la création du zoo humain, Corinne Devilliers souhaite aujourd’hui que les autorités françaises, et les élus guyanais se saisissent de ce sujet pour « ne pas oublier » :

 

« J’ai écrit un courrier à tous les maires de Guyane pour leur expliquer que la jeunesse souhaite mettre en lumière ce sujet tabou. Malheureusement, il y a encore des personnes qui font en sorte que cette histoire reste dans l’ombre. Il faut en parler pour que le peuple autochtone de Guyane et toute la population sachent ce qu’étaient les expositions coloniales » 

 

L’association espère l'organisation d'une cérémonie officielle de commémoration à Awala-Yalimapo à l'occasion des 130 ans de l'exposition coloniale et que des rues soient baptisées en l’honneur de ce peuple déporté en Europe. Corinne Devilliers devrait venir en Guyane dans les prochains mois pour rencontrer plusieurs élus locaux.

 

Pour soutenir l'association retrouvez sa page Facebook : 

 

https://www.facebook.com/Association-Moliko-Aletpo-108448785042879