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Conflit franco-brésilien de Mapà : La Guyane honore ses héros morts pour la Patrie

  • Par: abehary
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Ce jeudi 2 novembre 2017 avait lieu une cérémonie de commémoration de « la mémoire et la glorification des héros morts pour la Patrie » au carré militaire, puis au monument Mapà du cimetière de Cayenne.

La cérémonie a débuté par une messe des défunts à la cathédrale Saint-Sauveur de Cayenne, présidée par l'aumônier militaire Éric Simonot, en présence du préfet Patrice Faure et du maire de Cayenne Marie-Laure Phinéra-Horth.

Les autorités se sont ensuite rendues au carré militaire du cimetière de Cayenne centre-ville, pour une cérémonie de dépôt de gerbe en hommage aux soldats morts pour la France. Les autorités se sont ensuite rendues au monument de Mapà au même cimetière, avenue d’Estrée.

Les autorités civiles et militaires qui ont procédé au dépôt de gerbes :
Gildebert CAROLÉ,  président de l’association départementale des Anciens Combattants et victimes de guerre de la Guyane, Claude PLENET, vice-président de la Collectivité Territoriale de Guyane chargé de l'éducation, Général de brigade aérienne Didier LOOTEN, commandant supérieur des forces armées en Guyane, Marie-Laure PHINERA-HORTH, maire de la ville de Cayenne et Patrice FAURE, préfet de la Région Guyane.

Patrice Faure, préfet de Guyane.

Claude Plenet, 12ème vice-président de la Collectivité Territoriale de Guyane.

Marie-Laure Phinéra Horth, maire de Cayenne.

Historique du territoire contesté : l'aventure diplomatique franco-brésilienne

L’enjeu est la possession d’un territoire de plus de 260 000 km2. Il faudra recourir à l’arbitrage international de la Suisse rendu en 1900, pour que Français et Brésiliens conviennent du tracé sur le fleuve Oyapock, d’une frontière que plus personne ne conteste aujourd’hui. La délimitation entre la Guyane et le Brésil était restée très vague depuis la création de la colonie française. La thèse française était que le fleuve Amazonie constituait la limite territoriale au Sud de la Guyane et celle du Brésil se limitait à l’Oyapock.

A la fin du 19ème siècle, cette zone offrait d'énormes gisements d’or exploités par les brésiliens et quelques français.

A cette époque, des aventuriers français et brésiliens proclament l’indépendance de ce territoire : la République de Counani.

Le mercredi 15 mai 1894, le détachement dépêché de Cayenne pour libérer le capitaine Trajane tombe dans une embuscade lors des négociations à Mapà. Le capitaine d’infanterie de la marine Lunier qui dirigeait les négociations ainsi que 6 des ses hommes, marin et fantassins furent tués. Les Brésiliens n’étant pas de force pour lutter contre une troupe bien entraînée laissèrent plus de soixante morts sur le terrain.

Carte du territoire "contesté" franco-brésilien. Aujourd'hui il correspond essentiellement à l’État fédéral de l'Amapà.

Le sacrifice de ces soldats ne servit à rien,  puisque les faits furent définitivement résolus avec le jugement suisse donnant gain de cause au Brésil et dont les conclusions furent annoncées le 1er décembre 1900, par le Président suisse, Walter Hauser :

« art.I — Conformément au sens précis de l'article 8 du Traité d'Utrecht, la rivière Japoc ou Vincent Pinçon est l'Oyapoc qui se jette dans l'océan, immédiatement à l'ouest du cap d'Orange et qui, par son thalweg forme la ligne frontière.

art.II — À partir de la source principale de cette rivière Oyapoc jusqu'à la frontière hollandaise, la ligne de partage des eaux du bassin des Amazones qui, dans cette région est constituée dans sa presque totalité par la ligne de faîte des monts Tamuc-Humac, forme la limite intérieure. »

Cet arbitrage se fonde sur les travaux de plusieurs géographes, dont les plus décisifs sont ceux des Français Élisée Reclus (dont la Nouvelle Géographie Universelle), jugé plus neutre, et Henri Coudreau. Ainsi le 1er décembre 1900, la totalité du territoire contesté est accordée au Brésil.

En souvenir de ces soldats français tombés à Mapà, un monument fut érigé par souscription publique au cimetière de Cayenne. La cérémonie d’inauguration, présidé par le gouverneur Emile Merwart, eut lieu le 31 août 1901.

Monument en hommage aux soldats français tombés à Mapà.

Aujourd’hui, la cérémonie dépasse le symbolique, où les personnalités ont salué l’engagement des Guyanais auprès de la République dans ses heures les plus difficiles. De nos jours, quelques irrédentistes** guyanais revendiquent un État libre de Counani qui a son propre drapeau.

(** qui revendique l'unification politique d'un territoire divisé par le passé, mouvement nationaliste)